14 février 2024
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Cécile Le Bras
Quel propriétaire n’a jamais retrouvé son cheval boiteux en arrivant aux écuri,s alors que la veille tout allait bien ? Il n’est jamais facile de savoir d’où vient la boiterie et quelle en est la cause. Si appeler le vétérinaire s’avère souvent nécessaire, on vous propose aujourd’hui de faire le point sur les boiteries.
Dans cet article, nous abordons le vaste et épineux sujet des boiteries ! Nous sommes certains qu'il vous est déjà arrivé de vous retrouver devant votre cheval à vous demander si votre oeil vous trompe ou si cette petite chose qui vous dérange pourrait bien être une boiterie. Pour en être sûr, il est nécessaire de bien comprendre de quoi il s'agit, et de connaître les différents "types" de boiterie que nous pouvons rencontrer !
Voici ce que vous apprendrez dans cet article :
Si on définit ce qu’est une boiterie, il s’agit d’une irrégularité plus ou moins importante des allures du cheval. La boiterie peut être le symptôme d’un très grand nombre d’atteintes, ce qui ne nous facilite pas la tâche. Elle sera plus ou moins marquée selon sa gravité et la sensibilité de votre cheval à la douleur. Vous avez peut-être d’ailleurs déjà entendu parler de grade ou de score de boiterie, ce qui correspond à une notation de la « sévérité » de la boiterie par le vétérinaire. Cette notation s’effectue de 0 à 5 :
0 : Aucune boiterie décelée dans aucune circonstance
1 : La boiterie est difficile à observer et n'est pas apparente de façon constante, peu importe les circonstances (monté, en cercle, en pente, sur une surface dure, etc.)
2 : La boiterie est difficile à observer au pas ou au trot sur une ligne droite mais est apparente de façon constante dans certaines circonstances (monté, en cercle, en pente, sur une surface dure, etc.).
3 : La boiterie est observable de façon constante au trot dans toutes les circonstances.
4 : La boiterie est évidente au pas.
5 : La boiterie cause une mise en charge du membre minime en mouvement et/ou au repos ou une incapacité complète de bouger.
Vous l’aurez donc compris, le fait que le cheval boite est un signal d’alerte. Il va donc falloir essayer de comprendre d’où vient cette boiterie pour adapter la prise en charge.
Si vous pensez que votre cheval boite, même légèrement, il faut essayer d’identifier la cause.
Tout d’abord il va s’agir de regarder votre cheval dans son ensemble (pas simplement ses membres) à la recherche de ce qui pourrait causer la boiterie. Qu’est-ce que vous cherchez ? Quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Cela peut être une plaie, une zone plus chaude, gonflée ou douloureuse au toucher.
Nous vous conseillons de commencer par le bas des membres, pieds puis boulet et de remonter tout le long des membres. Bien sûr n’oubliez pas que certaines boiteries peuvent être liées à des douleurs dorsales, par exemple, c’est pourquoi il est important de regarder le cheval dans son intégralité.
Au niveau des pieds, nous vous conseillons de bien les nettoyer, cela permettra non seulement de retirer un éventuel caillou qui pourrait causer une gêne, mais en prenant le pied en main vous pourrez aussi évaluer la chaleur de celui-ci. Attention, il arrive que la cause de la boiterie ne soit pas évidente et soit « cachée », dans le cas d’un abcès de pied par exemple (même si le pied est souvent chaud) ou lors d’une crise d’arthrose.
Si vous voulez apporter le plus de précisions possibles à votre vétérinaire avant de le faire venir, vous pouvez également essayer de déterminer le membre atteint (ou dans certains cas les membres atteints). Pour cela, il faut que votre cheval ait encore la capacité de se déplacer. S’il ne parvient pas à bouger, appelez directement le vétérinaire pour qu’il intervienne au plus vite.
Voici maintenant quelques astuces pour déterminer quel membre est atteint : attention, pour y parvenir, il faut bien connaître son cheval et sa locomotion « normale » (souvenez-vous de notre article Locomotion & morphologie : et si vous appreniez à observer votre cheval ?)
Pour comprendre l’origine de la boiterie, il faudra faire venir votre vétérinaire qui sera à même de poser un diagnostic. Celui-ci procèdera aux examens adaptés et surtout pourra directement vous proposer une prise en charge de votre cheval et de sa douleur (car on vous le rappelle : la plupart du temps, la boiterie est liée à une douleur).
Dans la suite de cet article, on vous parle des principales causes de boiteries rencontrées. Bien sûr la liste est loin d’être exhaustive d’où l’importance de faire venir votre vétérinaire pour établir un diagnostic fiable !
L’abcès est souvent lié à l’entrée d’un corps étranger dans le pied, qui n’est parfois même pas détecté avant que le cheval ne se mette à boiter. Lors d’un abcès, une poche de pus se forme, ce qui entraine une surpression dans le pied et provoque une forte douleur, donc une boiterie. Les boiteries liées aux abcès sont assez communes, généralement soudaines et fortes car très douloureuses pour le cheval.
Notez que si certains chevaux sont sujets à des abcès à répétition, cela peut être un symptôme d’une pathologie sous-jacente comme par exemple le syndrome de Cushing (dont on vous a parlé dans notre article Syndrome de Cushing : causes, symptômes diagnostic et prise en charge).
Vous avez certainement déjà entendu parler de cette pathologie très répandue : 50% des chevaux de plus de 15 ans en souffrent. Il s’agit d’une maladie des articulations dite « dégénérative », qui se caractérise par une dégradation du cartilage et de l’os sous-chondral (la partie située juste sous le cartilage). Attention, même si votre cheval n’est pas vieux, il peut avoir de l’arthrose car comme chez l’homme, des traumatismes ou des efforts très intenses et répétés peuvent abimer les articulations plus rapidement !
Dans le cas de l’arthrose, la boiterie est liée à la douleur causée par l’inflammation au niveau de l’articulation. La douleur provient également de la déformation de l’articulation qui ne peut plus effectuer son mouvement « normal ». L’intensité de la boiterie sera liée au stade de dégradation de l’articulation mais aussi à la sensibilité à la douleur du cheval.
Il est important de garder son cheval en mouvement (avec une activité adaptée à son âge et à sa condition physique) pour éviter d’aggraver le phénomène.
Redoutée par les cavaliers, la tendinite correspond à une inflammation accompagnée d’une rupture plus ou moins importante des tendons. La desmite quant à elle correspond à une inflammation ligamentaire.
Les causes sont souvent liées à l’activité sportive du cheval, trop importante par rapport à ses capacités, mais l’origine peut également être traumatique (coup, chute…). Dans ce cas, la boiterie et son intensité va dépendre de la structure touchée et bien sûr de sa localisation.
Le processus de cicatrisation étant très long, c’est une pathologie qui peut nécessiter une mise au repos forcée plus ou moins longue pour limiter l’appui sur le membre atteint et l’aggravation de la boiterie.
Il s’agit d’une pathologie qui touche les pieds du cheval. La fourbure est une inflammation de la lamina (le « velcro » qui permet l’attache entre l’os du pied et la corne) qui entraine une très forte douleur pour le cheval. Plus qu’une boiterie, les chevaux ont beaucoup de mal à se déplacer et vont adopter une posture antalgique de report du poids sur les postérieurs.
La prise en charge en urgence du vétérinaire est essentielle pour éviter des changements de structure trop importants et irréversibles (comme la bascule de la 3ème phalange), sans même parler de la prise en charge de la forte douleur pour le cheval.
Comme pour les abcès, la fourbure peut être un symptôme chez des chevaux atteint du syndrome de cushing ou du syndrome métabolique équin par exemple.
Comme dans le cas de l’arthrose, on est ici sur une pathologie qui peut entrainer des boiteries chroniques. Les boiteries apparaissent généralement entre l’âge de 5 ans et de 8 ans et sont liées à l’appareil podo-trochléaire (l’os naviculaire et les structures situées à proximité). Si comme dans le cas de l’arthrose, il n’est pas possible d’en guérir, dès l’apparition des premières boiteries, la prise en charge du vétérinaire permettra de limiter au maximum ces boiteries et leurs conséquences.
Nous avons ici présenté les principales causes de boiteries chez le cheval, bien évidement il en existe d’autres ! Comme pour nous, un simple choc peut entrainer une boiterie passagère, mais notre conseil est de ne jamais les prendre à la légère. De même, une raideur persistante chez votre cheval doit vous alerter, au risque de conduire à des problèmes plus importants si elle n’est pas prise en charge.
On vous l’a dit au début de cet article, les boiteries ne sont pas à prendre à la légère et nécessitent généralement l’intervention de votre vétérinaire. Cependant, le délai d’intervention de celui-ci dépendra de la gravité de la boiterie.
Si votre cheval se trouve dans l’une des situations suivantes, appelez en urgence votre vétérinaire :
Si vous n’êtes pas dans l’une des situations précédentes, la venue du vétérinaire n’est pas urgente mais reste nécessaire. Quand cela est possible pour vous, voici quelques astuces pour faciliter la prise en charge et le diagnostic :
Nous espérons vous avoir apporté quelques conseils avec cet article. Vous devriez maintenant être capable de repérer une boiterie chez votre cheval, de déterminer de quel memble elle provient et même d'envisager sa cause, si celle-ci fait partie des causes principales des boiteries évoquées dans cet article ! S’il vous reste des questions, n’hésitez à venir nous les poser sur nos réseaux.
Cécile Le Bras pour Audevard
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