1 janvier 1

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Pauline Barbier

Locomotion & morphologie : et si vous appreniez à observer votre cheval ?

Etre capable d’analyser une morphologie et une locomotion d’équidé facilement, c’est une compétence délicate. Si vous voulez apprendre à mieux analyser la locomotion de votre cheval, cet article est fait pour vous !

Si le développement de votre oeil de cavalier se fait plutôt sur le tas, nous avons décidé de vous offrir un petit coup de boost. Affuter son regard, "faire son oeil", être capable d’analyser une morphologie et une locomotion d’équidé facilement, c’est une compétence admirable et difficile à apprendre. On va pas se mentir : il faut en voir du cheval et du poney, et un sacré volume, pour développer son regard. Ceci étant dit, il y a quand même quelques grands principes à connaître pour démarrer sur les chapeaux de roue. En plus, chez Blooming Riders, on a vraiment envie de vous aider à accélérer votre apprentissage sur la question - et on a même développé un programme rien que pour ça. Si vous voulez déceler une mobilité restreinte dans le dos ou une dissymétrie du bassin, cet article est pour vous !

Nos conseils sur le sujet :

1. Locomotion du cheval : pourquoi aiguiser son oeil ?
2. Observation du cheval : quelles étapes suivre ?
3. La morphologie déterministe : un mythe
4. La locomotion : l’équitation, ce sport de mouvement
5. Analyser les aptitudes physiques en se faisant accompagner

1. Locomotion du cheval : pourquoi aiguiser son oeil ?

Qui n’est jamais resté rêveur devant la démonstration talentueuse d’un professionnel du cheval décryptant avec une précision inégalable les forces et les aspérités du mouvement de votre cheval ? Un très bon ostéopathe, un bon sellier, ou une ergonome équestre hors pair… Le professionnel est capable de déceler les moindres petites fausses notes de la locomotion de votre cheval, les différences de poser des membres, l’emploi des postérieurs, le mouvement de chaque segment du rachis, une restriction du balancier de l’encolure, d’éventuelles zones de blocage simplement à l’oeil. Mais quelle est donc cette sorcellerie ?


 

Le propriétaire, à côté, n’ose pas dire qu’il ne voit strictement rien de ce que le professionnel vient de décrire avec une aisance déstabilisante. On l’a tous fait, acquiescer alors qu’on ne captait pas le dixième de ce qui était décrit. C’est intimidant, tant de compétence ! Et surtout, il n’existe pas vraiment de formation accessible aux particuliers pour développer cet atout très précieux dans le monde des chevaux. A part côtoyer de très bons vétérinaires spécialisés en locomotion, ou des thérapeutes manuels, ou des spécialistes de la biomécanique, on reste quand même assez limité dans l’accès à cette connaissance.

Il n’y a rien de plus inspirant qu’un cavalier capable de lire avec autant de précision le mouvement de son cheval. Celui-ci a beaucoup de pouvoir :

  • en un regard, il décèle rapidement l’apparition d’un problème
  • le cavalier est capable de mieux analyser le niveau de forme physique de son cheval
  • il peut mieux prévenir en repérant tôt des rigidités qui n’étaient pas là auparavant
  • il adapte mieux l’entraînement du cheval, puisqu’il comprend mieux son corps

C’est un peu comme le cavalier capable d’éduquer correctement son cheval. Celui qui, renforcé d’une connaissance approfondie sur la cognition de son animal, est capable de lire l’état mental de son cheval mieux que les autres, pourra plus aisément communiquer avec lui. C’est exactement pareil pour celui capable d’observer précisément sa locomotion. Si vos yeux sont encore débutants, c’est comme si vous ouvriez un roman passionnant et complexe en étant myope comme une taupe. C’est… dommage, et surtout, c’est remédiable avec un apprentissage à l'aide d’un expert pédagogue et d’une grande, large et multiple variété de chevaux à regarder.

Apprendre à lire la locomotion du cheval, c’est d’abord et avant tout connaître son anatomie. Mais l’anatomie, c’est loin d’être facile… Le squelette, les muscles profonds et superficiels, ainsi que la connaissance de l’emplacement des foramen nerveux principaux, voire même des organes : il y a de quoi se perdre en chemin. PS : un foramen, c’est un trou dans un os qui permet (entre autres) le passage de nerfs. PS 2 : sachez que même entre professionnels ultra pointus et formés, il existe des débats houleux sur l’anatomie. Eh oui, l’anatomie, par définition, est à la fois commune à tous, et individuelle ! On n’a pas tous la même longueur de fémur, de buste, de bras ; on n’a pas tous les mêmes ischio-jambiers ni encore les mêmes schémas locomoteurs. Ceci étant dit, en dehors des chevaux pur-sang arabe qui ont des vertèbres en moins, les chevaux ont les mêmes os. 

 

 

En bref, bienvenue dans les méandres de l’anatomie et de la locomotion équine : l’aventure durera toute votre vie.

Mais j’oublie un argument essentiel. Mieux lire la locomotion de votre cheval, c’est vous permettre de mieux l’entraîner. Comme tout sportif, analyser le mouvement permet de l’améliorer, et d’adapter les exercices aux besoins individuels. En bref, vous êtes mieux armé pour être un meilleur cavalier.

 

2. Observation du cheval : quelles étapes suivre ?

A vrai dire, chaque professionnel suit sa propre méthodologie. Dans notre programme Locomotion & Conformation, Eugénie Cottereau, ergonome de l’équitation et passionnée de biomécanique, vous propose des méthodologies tout à fait flexibles qui vous permettent de démarrer immédiatement les observations.

Les étapes que nous suivons sont globalement les suivantes :

D’abord, observation latérale de la conformation globale du cheval.

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Ici, les notions anatomiques seront bien évidemment capitales ! N’hésitez pas à vous armer d’une planche anatomique pour accompagner votre observation. On vous recommande vivement de démarrer par le squelette : situez la scapula, l’humérus, les cervicales, le fameux sternum… Repérez l’ilium, le fémur, les sacro-iliaques. Vous verrez que si cela paraît simple avec une planche anatomique, c’est nettement plus difficile avec le cheval recouvert de muscles, de peau et de poil dans la vraie vie. Ensuite, une fois la connaissance des os imprimée, armez-vous de planches concernant les muscles profonds et les muscles superficiels… Cette étape est encore plus difficile. Pourquoi ? Très simple : les muscles que vous voyez sont les plus superficiels. Difficile donc de situer les muscles profonds aisément ! 

Puis, observation de face et de derrière pour regarder les aplombs de l’avant et de l’arrière-main.

Comment se comportent les jarrets, les carpes (genoux), les boulets ? Les canons sont-ils perpendiculaires au sol ou pas ? Le cheval est-il droit, panard ou cagneux ? Les pointes des épaules ont-elles l’air symétriques ? Le poitrail a-t-il l’air développé ou atrophié ? Et les pointes des hanches ? On se sert de repères visuels simples pour émettre un premier avis sur la symétrie à l’arrêt du cheval et sur la qualité de ses aplombs.

 

Ensuite, observation latérale en mouvement au pas.

Ici, on peut regarder par observation dite étagée. On commence par les segments inférieurs pour remonter vers la ligne supérieure. Globalement, cela Implique de commencer par les boulets-paturons-sabots, puis canons, puis carpes/jarrets, puis remonter jusqu’au coude ou grasset, observer les épaules, les hanches, puis regarder le balancier de l’encolure, le mouvement du dos et du bassin. On peut également regarder l’amplitude des foulées et vérifier qu’elles font toutes la même taille. Le postérieur droit s’avance-t-il autant que le gauche ? Et quid des antérieurs ? Le rythme est-il constant ? Comment pose-t-il les pieds ? La flexion-extension des hanches est-elle similaire des deux côtés ? Voit-on le dos onduler

Observation de derrière et de face au pas.

On peut voir alors comment se comportent les aplombs observés à l’arrêt en mouvement. On peut également apprécier la symétrie des épaules et des hanches. La queue est également un excellent indicateur. 

 

 


Puis, observation latérale en mouvement au trot et de même si possible, de face et de derrière au trot.

A noter : le trot est l’allure par excellence pour déceler des boiteries ou analyser la symétrie du cheval… Précisément parce que l’allure est symétrique avec un temps de suspension. Toute dissymétrie ou boiterie s’y lira bien plus facilement qu’au pas ou au galop. En cas de doute, privilégiez le trot ! 

3. La morphologie déterministe : un mythe

Maintenant que vous avez une première méthodologie simple à suivre, parlons un peu de l’étape numéro 1 : la morphologie, ou conformation.

 

Celle-ci permet déjà d’observer entre autres :

  • la longueur des différents segments : rachis, ossature de l’avant-main, ossature de l’arrière-main
  • la place pour disposer la selle, ainsi que le passage de sangle
  • le soutien du sternum (en utilisant la pointe du coude, on vous expliquera tout dans le programme)
  • la qualité globale de la posture (dos affaissé/dos soutenu, abdominaux relâchés/gainés, ligne du dessus)
  • la structure musculaire
  • les aplombs

Mais attention ! Si la morphologie offre des informations précieuses, elle n’est pas non plus déterministe. En effet, en aucun cas une morphologie est seule responsable de l’usage que le cheval fait de son corps :

  • certains chevaux avec une morphologie a priori imparfaite utilisent parfois pleinement et intelligemment leur corps, de sorte qu’une fois en mouvement, leur locomotion est très bonne.
  • à l’inverse, certains chevaux présentant une morphologie idéale sur le papier peuvent tout à fait montrer une locomotion modeste voire mal employée.

Ainsi, la conformation est un paramètre à coupler avec d’autres. Isolée, elle ne suffit pas pour analyser globalement le mouvement d’un cheval.

4. La locomotion : l’équitation, ce sport de mouvement

En seconde étape, nous allons donc déplacer le cheval et observer sous plusieurs angles son fonctionnement locomoteur.

Cette observation est la clé de voûte de ce programme. En effet, vous allez pouvoir observer un nombre conséquent de paramètres :

* le poser des membres
* l’ouverture des angles articulaires
* le mouvement du rachis
* le balancier de l’encolure
* la gestion de l’équilibre longitudinal (notamment dans les transitions)
* la gestion de l’équilibre latéral (sur la courbe)
* la connexion du dos (notamment au trot)
* d’éventuels asymétries voire irrégularités (au trot)
* la souplesse et/ou la rigidité globale
* d’éventuelles zones d’inconfort (dos, viscères, autre)
* l’intelligence globale d’emploi du corps

Afin de faire votre oeil… Il faut voir beaucoup de chevaux ! Si possible, des chevaux d’âge, de types et de niveaux variés, afin que votre relativité s’élargisse. Plus vous observez des chevaux, plus vous développez votre spectre d’analyse, et meilleur vous devenez !

Si possible, essayez de les observer en suivant le même processus. Cela permettra d’annihiler d’éventuels biais cognitifs et donc de rester aussi objectif et factuel que possible. N’hésitez jamais à coupler vos observation d’une prise de photo ou de vidéo. Attention à l’angle choisi ! Une photo ou une vidéo prise avec le mauvais angle biaisera totalement votre analyse. Restez bien perpendiculaire au cheval, le plus centré possible, évitez les objectifs grand angle. 

5. Analyser les aptitudes physiques en se faisant accompagner

Je ne vais pas la jouer langue de bois avec vous. L’analyse de la conformation et de la locomotion, c’est loin d’être une science exacte, surtout lorsque celle-ci se réalise à travers les yeux d’un humain. Les yeux et le cerveau d’un humain, c’est bourré de biais en tous genres et c’est très rarement une mesure objective. En plus, dans la filière équine, c’est très “stylé” de balancer des mots compliqués d’anatomie ou de biomécanique devant les yeux ébahis d’amateurs peu éclairés. Ça pèse, ça fait autorité, bref : ça donne l’air super compétent, même quand on dit de grosses bêtises

Alors bien sûr, la meilleure façon d’améliorer son regard, c’est de voir du cheval, et un sacré paquet. En parallèle, accompagner un vétérinaire spécialisé en locomotion, un ostéopathe très compétent, un maréchal ou podologue, ou un ergonome à l’oeil aiguisé aidera… Sauf qu’il est très difficile de savoir à l’avance si ledit professionnel a réellement un regard au top. Je vous cache pas que j’en ai vu passer, des thérapeutes manuels, des vétérinaires (oui, j’insiste, c’est triste mais c’est la réalité), et des saddle-fitters qui ne voyaient pas une boiterie. C’est parce qu’en réalité, c’est quand même assez technique et ça nécessite de rafraîchir sans cesse sa grille de lecture.

Si vous souhaitez être un bon juge des aptitudes physiques et locomotrices des chevaux, je vous recommande de sortir sans cesse de votre zone de confort. Allez voir des gens qui voient des choses qui vous étonnent et qui vous surprennent (même dans le mauvais sens). Sortez, tout le temps, de votre zone de confort visuelle. Allez voir des chevaux qui bougent radicalement différemment des vôtres. Et surtout, surtout… Conservez un ENORME recul sur vos propres conclusions. Essayez de vous dire : “j’ai l’impression que son postérieur droit s’avance moins que le gauche”, plutôt que d’affirmer : “ah ben ce cheval il a un problème au postérieur droit !”. Analysez dans le doute permanent. Essayez d’être précis quand vous avez le sentiment que quelque chose cloche : oui, ce postérieur est bizarre. Mais à quel niveau ? Au niveau des hanches ? Du grasset, du jarret ? Est-ce que c’est un problème vertical ou horizontal - est-ce qu’il n’avance pas sous la masse, ou est-ce qu’il ne plie pas assez ? 

Et s’il faut aller plus loin (faire des examens), appelez un vrai vétérinaire spécialisé en locomotion. 

Eugénie Cottereau, ergonome équestre spécialisée dans la selle, est l’intervenante hôte de notre programme Locomotion & Conformation. En partant du type, des origines diverses des chevaux, en passant par la nécessité d’une observation fiable et aiguisée pour seller correctement, pour aller jusqu’à l’observation d’un grand nombre de chevaux, vous serez déjà bien armés pour améliorer votre oeil de cavalier.

Eugénie explique : "dans mon métier d’ergonome équestre, l’étude de la conformation et de la locomotion des chevaux occupe une place primordiale.
En effet, comment équiper au mieux un cheval si on ne sait pas qualifier l’organisation de son corps, observer la qualité de ses tissus ou analyser sa façon de bouger ?

De certaines caractéristiques de conformation découlent des aptitudes physiques et motrices : c’est ainsi que l’on saura dire si tel poulain sera un sauteur puissant, ou si telle jument sera une bonne mère. Mais il en va des chevaux comme de la langue française : c’est précisément parce qu’il y a des règles et autant d’exceptions à ces règles que leur étude en est passionnante !"

Nos caméras se sont promenées dans trois écuries : une écurie de loisir avec des chevaux de toutes sortes, du trotteur réformé au croisé frison. Une écurie de commerce, CityHorse, qui nous a mis à disposition de superbes chevaux de sport, et une écurie privée dans laquelle nous avons pu observer des chevaux de trait et ibériques. Du poulain jusqu’aux chevaux plus âgés, la diversité de notre panel vous permettra d’explorer une grande relativité.

 

 Et la petite surprise, c’est que Blooming Riders a de gros projets pour aller bien plus loin… Rendez-vous en 2023 pour aller vers l'infini et au-delà en biomécanique !

Quelques liens utiles :

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