30 novembre 2023

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Cécile Le Bras

Syndrome de Cushing chez le cheval : cause, symtômes, diagnostic et prise en charge

Le Syndrome de Cushing est le trouble hormonal le plus fréquent chez les chevaux âgés. En effet 21% des chevaux de plus de 15 ans sont touchés par cette pathologie et plus de 40% pour les chevaux de plus de 30 ans. Mais qu'est-ce qui le cause exactement, quelles sont les conséquences de cette maladie et comment la gérer ?

La maladie de Cushing, aussi connue sous le nom de Dysfonctionnement de la Pars Intermedia de la Pituitaire (DPIP) ou Dysfonctionnement de la Pars Intermedia de l’Hypophyse (DPIH) est le trouble hormonal le plus fréquent chez les chevaux âgés. En effet 21% des chevaux de plus de 15 ans sont touchés par cette pathologie et plus de 40% pour les chevaux de plus de 30 ans. 

 

Concrètement, le syndrome de Cushing est lié à un dérèglement hormonal (trouble endocrinien) au niveau d’un zone particulière du cerveau, l’axe hypothalamo-hypophysaire, qui va entrainer une série de perturbations de l’organisme du vieux cheval. On vous explique tout (ou presque) sur cette pathologie dans cet article :

 

  1. Qu'est-ce qui cause le syndrome de Cushing ?
  2. Comment reconnaître les symptômes de Cushing ? 
  3. Comment diagnositquer le syndrome de Cushing ? 
  4. Quelle prise en charge pour les chevaux atteints ? 

 

1. Qu’est ce qui cause le syndrome de Cushing ?

C’est un dérèglement hormonal au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire qui est en cause. Mais concrètement qu’est-ce qu’il se passe ? Pour comprendre ce qu’il se passe dans le cas du syndrome de Cushing, regardons déjà ce qu’il se passe quand tout va bien. 

 

L’axe hypothalomo-hypophysaire est composé de deux glandes : l’hypothalamus et l’hypophyse. L’hyppothalamus a (notamment) pour rôle de produire de la dopamine. Cette dopamine part ensuite se fixer aux récepteurs de l’hypophyse. Cela a pour effet d’envoyer un message de régulation à l’hypophyse, qui conserve une production d’hormones régulée et normale. Parmi les hormones libérées par l’hypophyse, on retrouve notamment la fameuse ACTH (Hormone Adrenocorticotrope) dont on parle souvent. Cette ACTH a pour rôle principal d’aller stimuler les glandes surrénales qui elles produisent le cortisol (hormone du « stress »). Le cortisol va réguler le métabolisme des glucides, lipides et protéines mais joue aussi un rôle essentiel dans l’immunité et le rythme circadien (les rythmes du sommeil et de l’alimentation). 

On vous a perdu ? Pas de problème voilà un schéma récap 😊 

 

 

Maintenant que vous avez compris ce qu’il se passe quand ça va bien, essayons de comprendre ce qu’il se passe dans le cas du syndrome de Cushing

 

Chez le cheval atteint de Cushing, l’hypothalamus a vieilli prématurément sous l’effet d’un phénomène appelé stress oxydatif. Les neurones de l’hypothalamus qui produisaient jadis de la dopamine son dégradés, ils n’en produisent plus ou peu. Les récepteurs de l’hypophyse restent désespérément vides puisqu’il n’y a plus de dopamine pour venir s’y fixer. Sans signal de régulation de la part de la dopamine, l’hypophyse se met alors à surproduire des hormones et notamment de l’ACTH qui va aller sur-stimuler les glandes surrénales et augmenter la quantité de cortisol. Cela va être la cause des (nombreux) symptômes du syndrome de Cushing, car l’organisme se retrouve donc en situation de « stress », entrainant une baisse de l’immunité mais aussi des perturbations dans les métabolismes des sucres, des lipides et des protéines.

 

On est sympa, on vous remet un petit schéma pour récapituler ce qu’il se passe dans le cas de Cushing :

 

 

2. Comment reconnaitre les symptômes de Cushing ? 

On l’a vu, chez les chevaux atteints du syndrome de Cushing, de nombreux métabolismes sont perturbés, les symptômes sont très nombreux et varient d’un cheval à l’autre. En plus de cela, c’est une pathologie qui se développe plus ou moins lentement, les premiers symptômes sont parfois très discrets. On vous présente ici les plus communs, mais la liste est loin d’être exhaustive :

 

  • Hirsutisme (présent dans 70 % des cas), très caractéristique, le cheval présente un poil plus long et frisé qu’il a du mal à perdre notamment au moment de la mue de printemps/été. Certains chevaux présentent des zones d’hirsutisme plus ou moins étendues. 

 

  • Fourbure (présent dans 49 % des cas), c’est l’un des symptômes les plus grave et douloureux pour le cheval. Il s’agit d’une inflammation dans le pied parfois accompagné d’un basculement de la 3ème phalange (pouvant aller jusqu’à la perforation de la sole). Même si le mécanisme exact qui déclenche la fourbure dans le cas de Cushing n’est pas parfaitement connu, la fourbure est liée aux troubles hormonaux et notamment au dérèglement de l’insuline.

 

  • Amyotrophie et dépôts graisseux (présent dans 49% des cas), le cheval perd de la masse musculaire souvent au niveau du dos. En parallèle, des amas graisseux se formes sur certaines zones (au-dessus des yeux, derrière l’épaule). La silhouette du cheval atteint de Cushing est transformée, il a souvent un ventre « pendulaire ». 

 

  • Comportement dépressif (présent dans 41% des cas), le cheval semble « éteint », à un comportement dépressif. S’il vit en groupe il peut alors rester très isolé, souvent la tête basse.

 

  • PUPD – Polyurie Polydipsie (présent dans 32% des cas), le cheval boit beaucoup plus et urine beaucoup plus. Cela est lié à une mauvaise réabsorption de l’eau au niveau des rein qui entraine un volume d’urine plus important. Pour compenser la perte en eau, le cheval boit davantage. 

 

  • Signes neurologiques (présent dans 21% des cas), le cheval peut présenter différents signes neurologiques comme des difficultés à bouger, de l’ataxie (problèmes d’équilibre) … 

 

  • Sensibilité accrue aux infections (présente chez tous les chevaux Cushing). Comme l’immunité globale du cheval est moins bonne, il se retrouve beaucoup plus sensible aux infections. On peut donc observer une augmentation des infection cutanées (comme la gale de boue, la teigne …), des abcès de pied à répétition ou encore des infections pulmonaires. La cicatrisation est souvent aussi moins bonne et plus longue 

 

Dans le cas du syndrome de Cushing, l’observation de votre vieux cheval va être primordiale et tout signe qui vous semble changer de l’ordinaire devrait vous alerter. Dans le doute, n’hésitez pas à faire appel à votre vétérinaire pour qu’il fasse un diagnostic. On vous explique dans la prochaine partie comment ça se passe. 

 

3. Comment diagnostiquer le syndrome de Cushing ?

Si vous êtes propriétaire d’un cheval âgé et qu’il semble présenter certains symptômes de la pathologie ou que vous avez des doutes, une consultation vétérinaire est une bonne première étape. Nous vous l’avons déjà dit mais comme il s’agit d’une pathologie qui se développe progressivement, un diagnostic et une prise en charge précoces permettront d’offrir la meilleure vie au cheval atteint de Cushing. 

 

Concernant le diagnostic par votre vétérinaire il se fera sans doute en deux étapes :

 

D’abord, votre vétérinaire va procéder à un examen complet et chercher les éventuels signes caractéristiques de la pathologie (fourbure, hirsutisme, amaigrissement…). Il vous posera aussi des questions concernant votre compagnon : a t-il changé de comportement, a-t-il plus de mal à cicatriser … tout ce qui pourrait lui indiquer un potentiel syndrome de Cushing.

 

Afin de confirmer son diagnostic, le vétérinaire va ensuite pouvoir faire une prise de sang. L’examen le plus classique est un dosage de l’ACTH. Nous l’avons vu précédemment, chez des chevaux Cushing, le taux d’ACTH est plus élevé que chez des chevaux sains. 

 

L’association de l’examen clinique et de la prise de sang peut permettre à votre vétérinaire de poser un diagnostic. Cependant, il arrive que la prise de sang ne soit pas totalement concluante et qu’il faille refaire d’autres test. A noter que depuis quelques années, les tests sont devenus plus fiables qu'auparavant et ce toute l’année. Un tableau des « normes ACTH » a été mis en place afin de pouvoir tester les chevaux et analyser les résultats toute l’année et non pas juste en automne, comme c'était le cas avant.

 

Même si les signes cliniques sont très présents, la prise de sang reste importante pour avoir une idée du taux d’ACTH et pouvoir non seulement adapter la prise en charge du cheval, mais également pouvoir faire un suivi objectif dans le temps sur l’efficacité de cette prise en charge

 

4. Quelle prise en charge pour les chevaux Cushing ? 

Avant d’entrer plus en détail sur le traitement du syndrome de Cushing il est important de noter qu’il n’existe pas de traitement curatif pour cette maladie. Le traitement médicamenteux et la prise en charge environnementale vont avoir pour objectif de ralentir la progression de la maladie et apporter le plus de confort au cheval, mais la maladie ne va pas disparaître. 

 

En ce qui concerne le traitement médical, il existe à ce jour une seule molécule autorisée chez le cheval : le pergolide. Cette molécule est dite « dopaminergique » c’est-à-dire qu’elle se « déguise » en dopamine pour prendre sa place sur ses récepteurs au niveau de l’hypophyse. Cela va rétablir la régulation au niveau de l’hypophyse ce qui permet notamment de diminuer la quantité d’ACTH produite et donc d’atténuer les signes cliniques

 

Le pergolide se présente sous la forme d’un comprimé qui va devoir être donné une fois par jour au cheval et toute sa vie. Le dosage (et donc le nombre de comprimés à donner) varie d'un cheval Cushing à un autre. Un suivi vétérinaire régulier (en combinant l'analyse de l'ACTH et l'évolution des signes cliniques) permet d'ajuster le dosage de pergolide pour trouver celui qui convient le mieux à chaque cheval. A noter qu’il arrive qu’au début du traitement, le temps de trouver la bonne dose pour le cheval, certains effets secondaires peuvent apparaitre comme une perte d’appétit ou un peu d’abattement. Une fois la dose bien adaptée, ces effets secondaires disparaitront

 

Les études ont montré que tous les chevaux étant traités au pergolide voient leur taux d’ACTH diminuer. En plus de cela, le pergolide est efficace sur beaucoup de symptômes comme la « dépression », l’hirsutisme ou la PUPD. Pour les symptômes comme la fourbure ou la baisse d’immunité, l’action du traitement est un peu plus longue à arriver. Il arrive que d’autres symptômes persistent car ils sont également liés au vieillissement « naturel » du cheval. 

 

Si la prise en charge médicamenteuse permet d’apporter un vrai confort au cheval, il ne faut pas non plus négliger l’environnement. Voici les points sur lesquels vous pouvez agir afin d’aider votre cheval s’il souffre du syndrome de Cushing :

 

  • Prévenir les risques d’infection : nous l’avons déjà dit, les chevaux souffrant du Syndrome de Cushing ont une immunité plus faible. Il peut alors être nécessaire de revoir et adapter avec votre vétérinaire votre protocole de vermifugation/coproscopie et de vaccination pour le protéger au mieux. 

 

  • Faire un suivi régulier des pieds et des dents : comme pour tous les chevaux, un suivi des pieds est essentiel pour le confort global du cheval. Il sera encore plus important dans le cas où votre cheval est sujet à de la fourbure. Pour les dents, les chevaux seniors sont plus à risque d’avoir des problèmes dans cette région, qui peuvent avoir de lourdes conséquences (infections, problèmes digestif, perte d’état …). Il est donc important d'être très vigilant à ce niveau. 

 

  • Tondre si besoin : chez des chevaux avec un dérèglement de la mue, la tonte peut être utile (voir nécessaire) en été lorsqu’il fait chaud. Cela va également éviter de garder un environnement humide et chaud entre la peau et les poils qui pourrait favoriser l’apparition d’infections cutanées

 

  • Adapter l’alimentation : chez les chevaux Cushing, la prise en charge de l’alimentation est essentielle, principalement à cause du risque de fourbure. Comme pour tous les chevaux, une alimentation la plus riche en fourrage sera idéale, l’apport de concentrés étant à limiter au maximum (surtout s’ils sont riches en amidons). Chez les chevaux trop gros, le foin (fourrage « pauvre ») sera à favoriser par rapport à l’herbe. Nous vous conseillons fortement de vous faire accompagner par un(e) nutritionniste pour offrir à votre cheval une alimentation la plus adaptée à votre cheval et vos contraintes. 

 

  • Des compléments alimentaires en soutien : ils peuvent apporter un soutien supplémentaire pour votre cheval. Des plantes comme le Gatillier et le Mucuna sont reconnues scientifiquement pour leurs bénéfices chez les chevaux atteints du syndrome de Cushing. Elles sont notamment présentes dans Ekycush Control, le nouveau complément des laboratoires Audevard spécialement formulé pour les chevaux atteint du syndrome de Cushing. En plus de cela, en fonction des besoins de votre cheval, d’autres compléments alimentaires peuvent vous aider tout au long de l’année (boost immunitaire, soutien musculaire, soutien locomoteur ….). 

 


Vous l’aurez compris, une prise en charge complète du syndrome de Cushing est nécessaire pour offrir à votre cheval le confort qu’il mérite. Si votre cheval en est atteint, nous vous encourageons à faire un suivi régulier avec vos professionnels de santé habituel. 

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