1 janvier 1

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Claire Schwerzmann

Pieds-nus versus ferrés : qu'en penser ?

Pieds-nus, ou ferrés ? Quel est le meilleur choix pour le bien-être de nos chevaux ? Ce débat a-t-il même vraiment lieu d'être dans un environnement domestique ? Et si la réalité du vivant ne nous permettait pas de faire un choix purement manichéen ? Cet article est rédigé par une professionnelle des pieds des chevaux : Claire Schwerzmann de GoHoof ! Nous la remercions chaleureusement pour cette belle rédaction. Bonne lecture !

À propos de Claire Schwerzmann de Gohoof 

Claire débute par une école de photographie et se lance ensuite dans une formation de graphisme. Après quelques années dans le milieu, elle décide de changer de direction et entame 4 années d’apprentissage pour devenir Maréchale-ferrant. Elle est aujourd’hui employée maréchale à temps partiel et possède sa propre entreprise depuis plusieurs années. Elle s’est spécialisée dans le parage du pied nu, les alternatives aux fers et le boots fitting. En constante évolution, Claire recherche toujours de nouvelles solutions pour le bien-être des chevaux.

 

Sommaire :

  1. Les chevaux et les pieds-nus dans la nature
  2. Le mécanisme du sabot
  3. Le fonctionnement du pied avec un bon parage
  4. Les raisons de ferrer ou parer son cheval 
  5. Bibliographie

 

 

1. Les chevaux et les pieds nus dans la nature


Il est important de rappeler que les chevaux sauvages n’existent plus (cf. Ludovic Orlando, Les origines du cheval domestiques). Cependant, les chevaux retournés dans la nature ont été sélectionnés naturellement sur plusieurs générations. Cela les a donc rendu beaucoup plus robustes que nos chevaux domestiques. En effet, un cheval aux pieds trop faibles mourra et ne se reproduira pas. Les mauvais gènes disparaitront et laisseront la place aux plus solides. 🧬


Malheureusement, la sélection humaine n’ayant pas pris en compte certains aspects essentiels de la santé du cheval, nous avons détérioré considérablement leurs qualités physiques. Il est donc souvent nécessaire de palier à cela par des aides artificielles.

Le cheval a une grande capacité d’adaptation, pour autant que sa génétique soit suffisamment bonne. Par exemple, le mustang au Texas n’aura pas les mêmes pieds qu’un cob irlandais. 👇🏼 Un animal qui se déplace sur de la caillasse avec des dénivelés dans un environnement extrêmement sec aura besoin d’un pied dur et compact. À l’inverse, le sol humide d’Irlande exigera des pieds plus larges afin de ne pas s’enfoncer dans le terrain mou. Les barres seront plus saillantes pour prodiguer au sabot un effet anti-dérapant. Le parage des pieds devrait donc aussi s’adapter à l’environnement dans lequel se trouve le cheval.

 

Pied d'un mustang 

 

2. Le mécanisme du sabot

 

Un cheval en mouvement sur un sol dur devrait poser son sabot à plat ou légèrement talon en premier. L’atterrissage en pince indique souvent une douleur palmaire (pourriture de fourchette, syndrome naviculaire, tendinite, etc.).

Lors de la charge, la paroi et la sole périphérique s’écarte, particulièrement en talon et en quartier, de part et d’autre et la fourchette s’aplatit pour amortir et par la même occasion, faire circuler le sang. 🩸 Le haut de la paroi dorsale va légèrement s’enfoncer. 

 

 

Sur des sols irréguliers, les talons sont capables de se décaler verticalement, indépendamment l’un de l’autre. De ce fait, nous pouvons constater que malgré les apparences, le sabot est extrêmement mobile. ❌

 


Sur un cheval ferré, la rigidité du fer métallique empêche la distorsion verticale de l’arrière du pied. ✅

 

 

Le rôle de la fourchette ne se fait pas si le cheval marche sur un sol plat et dur. Le mécanisme horizontal du sabot est cependant toujours présent ; c’est pourquoi il est important de laisser de la garniture pour autant que le cheval ne déferre pas trop facilement. Les deux pinçons latéraux ainsi que les clous ne devraient pas se placer au-delà de la partie la plus large du pied. 

 

 

3. Le fonctionnement du pied avec un bon parage

 

Le pied nu, s’il y a assez de matière, aura l’avantage d’offrir un meilleur amorti. Il peut également mieux s’adapter aux irrégularités des sols. Sur un sol meuble, la charge se réparti sur toute la surface du pied : paroi, sole, fourchette et talons. Ce mécanisme permet une meilleure vascularisation et donc des structures plus solides. La paroi est épaisse, dense et lisse (l’interne à la hauteur de la sole périphérique et l’externe légèrement biseautée), les talons sont forts et bien à leur place (pointe du talon à la hauteur de la partie la plus large de la fourchette), la fourchette est large et souple, la sole est épaisse, bien compact et légèrement concave. L’apparition des barres dépendra de beaucoup de facteurs différents (terrain, météo, poids, soutien temporaire, etc.). 🌈🌊

 

Lorsqu’un cheval pieds nus est sensible, on le doit dans la majorité des cas à la sole. En effet, cette structure est particulièrement importante puisque la troisième phalange se trouve juste en dessous d'elle. Cette corne qui la protège doit donc être extrêmement dure et épaisse. Dans la théorie, elle devrait avoir la même épaisseur que la distance entre la paroi et la face dorsale de l’os. 🦴

 

Attention, une sole concave ne veut pas dire qu’elle est épaisse. À l’inverse, une sole d’apparence plate ne veut pas dire qu’elle est fine, ni qu’il s’agit d’un pied plat. Pour le savoir, le point de référence se trouve à l’apex de la fourchette, sa profondeur nous indique plus ou moins l’épaisseur de la sole.

 

Certaines méthodes de parage conseillent de stimuler les pieds en faisant marcher le cheval sur différents types de sol. En effet, le mouvement permet une meilleure circulation et vascularisation et ainsi une meilleure pousse et un sabot plus solide. Cependant, cela ne devrait jamais se faire dans la douleur. Si les sabots deviennent trop courts et/ou douloureux, cette stimulation enflammera le pied et bloquera la vascularisation du pied (cf. Lorenzo d’Arpe phlébogramme de pieds fourbus). 😓

 

 

Le sang n’allant plus jusqu’aux cellules de la sole, celle-ci deviendra fine et douloureuse. Le cheval se crispera et compensera par des positions antalgiques. 


Pour pallier ce problème, balader son cheval avec des chaussures aura un bien meilleur résultat. Une transition en douceur et sans douleur ne peut être que meilleure ! 🤗 Il est également important de maintenir le cheval dans un poids de forme correct : il vaut toujours mieux un cheval trop fin que trop gros ! Plus le cheval sera lourd, plus les pieds s’useront vite et se déformeront en cas de mauvais aplombs.

 

Pour veiller à cela, nous vous conseillons d'aller voir nos programmes dédiés à la nutrition : 

 

L’avantage de ne pas contraindre le pied avec un fer (dans une position que le maréchal aura considérée comme correct) est que le cheval pourra l’user de la manière la plus juste pour son équilibre. Un cagneux qui use à l’externe aura peut-être des pieds esthétiquement moins harmonieux mais le cheval se sentira beaucoup mieux

⚠️ Il existe cependant une exception qui est l’accrochement de la rotule. Le ligament étant trop laxe, le cheval trainera les pieds et usera beaucoup plus sa paroi externe. Or, c’est de l’inverse dont il aura besoin. Il faut donc éviter une usure naturelle sur ce type de cheval.

 

Si le parage d’un pied est correct, ses éventuelles déformations peuvent donner des indications sur la santé du cheval en général. Un talon qui s’écrase, une paroi qui s’évase, une sole fine et sensible, etc. peuvent refléter des déséquilibres internes (rotules, épaules, cervicales, tendinites, estomacs, ovaire, foie, etc.). Allez rapidement consulter des professionels ! 👨🏾‍⚕️💊🩺

 

4. Le fonctionnement du pied avec une bonne ferrure

 

Le pied ferré doit être large, solide avec des talons forts et à leur place. Une fourchette large et saine, une sole concave et épaisse. La paroi d’une bonne épaisseur et lisse.

Un pied affaibli par sa structure peut être aidé par l’ajout d’une sole en cuir entre le fer et le pied. Cela réparti la pression sur tout le pied et non sur la partie externe seule (paroi et sole périphérique). On peut y ajouter un silicone de différentes duretés selon la sensibilité du cheval. L’avantage étant également de faire travailler la fourchette et de ne pas la laisser dans le « vide ». 👇🏼

 

   

On évite aussi un effondrement des parties caudales du sabot. 👇🏼

 

 

Les plaques ont également une fonction d’amortisseur et atténuent les vibrations dans les articulations du cheval. 💪🏼

Le fer doit avoir un bon relevé de pince afin d’éviter un maximum le bras de levier. Le point de basculement doit être au bon endroit, tout comme la garniture. 👇🏼

 

 

Bien sûr, l’avantage du fer est qu’il évite une usure excessive du pied (stabulation trop abrasive, attelage, etc.). Cela permet d’avoir assez de matière pour travailler sur le pied de manière optimale et efficace. Dans ce cas, on peut considérer le fer comme une prothèse (« Dispositif implanté dans l'organisme pour suppléer un organe manquant ou pour restaurer une fonction compromise.» Larousse).


Si l’on envisage le fer comme une orthèse (« Appareil orthopédique destiné à soutenir une fonction locomotrice déficiente et fixé contre la partie atteinte […] », Larousse), on peut y voir une aide qui permettra de soulager et/ou d’aider un cheval à problèmes tels que des pathologies du type fourbure, angle palmaire négatif, sole fine, etc. 😷

 

Il faut savoir que la maréchalerie moderne diffère par certains aspects de l’ancienne.

 

Par exemple, l’idée de corriger un cheval (à l'exception poulain jusqu’à 3 mois pour certaines structures et 6 maximum pour d’autres) dans ses aplombs ne se fait plus. ❌

Au contraire, le/la maréchal(e) doit analyser et suivre ce dont le cheval aura besoin sans chercher à le corriger. La colonne osseuse de la jambe étant terminée dans sa croissance, vouloir modifier les appuis du cheval ne fera que créer des micros-lésions (os, ligaments, tendons) et de l’usure excessive dans les articulations pouvant déboucher sur de l'arthrose.

 

⚠️ Il est important de bien choisir son cheval lors de l’achat. Le/la maréchal(e) ne pourra pas changer les défauts innés du cheval.

 

5. Pourquoi ferrer ? Pourquoi laisser pieds nus ?

 

Voici différentes raisons qui conduisent un(e) propriétaire à ferrer son cheval 🧲 :

 

  • Vivre en stabulation trop abrasive pour ses pieds ;
  • Une fourbure grave ;
  • Une fracture de la troisième phalange ;
  • Sole qui ne s’épaissit pas ;
  • Une activité trop abrasive pour les pieds (attelage sur route) ;
  • Besoin d’ajout de crampons (cross) ;

etc...

 

 

Voici quelques raisons de laisser son cheval pieds nus ou de le déferrer 🌿 :

 

  • Bons pieds ;
  • Mauvais pieds (parois qui cassent, talons qui s’affaissent, déformation de la boîte cornée) ;
  • Pathologies qui exigent une contrainte minimum sur le pied (ossification des cartilages ungulaires, certains cas du syndrome naviculaire, arthrose, etc.) ;
  • Cheval qui déferre régulièrement ;
  • Seimes ;
  • Pieds encastelés ;
  • Fourchettes pourries et/ou atrophiées.

 

6. Pour conclure

 

Il n’y a pas de règles sur la nécessité ou non de ferrer un cheval. ❌

Ce qu’il est important de savoir, c’est qu’il y a énormément de facteurs externes et internes qui entrent en ligne de compte et que l’on ne peut pas être catégorique quant aux besoins réels du cavalier(ière) et de son cheval. Il faut prendre en compte la détention du cheval, son lieu d'habitation et son évolution, la météo, la nutrition, la race, la santé, les pathologies, l’utilisation, la discipline, les compétences, le temps qui lui sera consacré, les professionnels de la santé qui l’entourent (ostéo, maréchal(e), vétérinaire), etc. 👩🏼‍⚕️🌾🌳🌤

 

Savoir bien s’entourer fait aussi partie des points indispensables pour prendre la bonne décision. Éviter les extrêmes et mettre le confort de son cheval au centre de l’équation est primordial. 

 

De manière générale, les pieds doivent être protégés d’une façon ou d’une autre, si ceux-ci ont une usure trop importante. Les boots restent une excellente alternative, même pour un cheval ferré (lors de déferrage de parc ou autre). Il est essentiel de rester à l’écoute de son équidé et des signes de douleurs qu’il pourrait nous montrer. Il s’agit d’adapter la détention à ce que l’on recherche pour son animal et de considérer les conséquences que cela pourra avoir sur les pieds. 🧏🏻

 

N'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil au Facebook de Claire Schwerzmann de GoHoof, une professionelle de qualité ! 🙂

 

7. Bibliographie 

 


 

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