1 janvier 1

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Pauline Barbier

Monter à cheval en cordelette : à quoi ça sert ?

Les chevaux et l’équitation, pour beaucoup d’entre nous, c’est une façon d’explorer un sentiment de liberté. Quoi de mieux pour incarner cela que de monter son cheval en cordelette ? Rares sont les cavaliers qui n’ont pas rêvé devant une démonstration d’équitation en cordelette, qu’il s’agisse de dressage avancé ou simplement d’une preuve de complicité inouïe. Et doit-on souligner l’aspiration ultime de chez ultime : le grand galop en cordelette au bord de la plage ? On a tous connu ce sentiment grisant d’un grand galop dans la nature. Mais avez-vous déjà expérimenté celui d’une liberté totale ? Allez, parlons “freestyle”. Et je parle pas du Freestyle appelé également Kür dans le jargon des dresseux… Je parle bien de la monte sans contact plébiscitée par les pionniers du natural horsemanship. 

Les chevaux et l’équitation, pour beaucoup d’entre nous, c’est une façon d’explorer un sentiment de liberté. Quoi de mieux pour incarner cela que de monter son cheval en cordelette ? Rares sont les cavaliers qui n’ont pas rêvé devant une démonstration d’équitation en cordelette, qu’il s’agisse de dressage avancé ou simplement d’une preuve de complicité inouïe. Et doit-on souligner l’aspiration ultime de chez ultime : le grand galop en cordelette au bord de la plage ? On a tous connu ce sentiment grisant d’un grand galop dans la nature. Mais avez-vous déjà expérimenté celui d’une liberté totale ? Allez, parlons “freestyle”. Et je parle pas du Freestyle appelé également Kür dans le jargon des dresseux… Je parle bien de la monte sans contact plébiscitée par les pionniers du natural horsemanship. 




Nos conseils sur le sujet :

1. Monter en cordelette, l’apothéose d’une relation sereine
2. Pour mieux communiquer avec son cheval, le freestyle est roi
3. Un cheval qui comprend : un cheval qui s’épanouit
4. C’est le corps d’abord, les mains et les jambes ensuite
5. “Le freestyle, c’est pour les cow-boys qui font du western”
6. La relation d'abord, le sport ensuite


1. Monter en cordelette, l’apothéose d’une relation sereine

Avant d’entrer dans les détails, je vais prendre le temps de poser un peu le contexte. 

Monter en cordelette, ça ne se résume pas à un rêve de gamine qui a trop regardé Spirit. La monte dite “Freestyle” chez les initiés Parelli, c’est-à-dire la monte sans contact (on en parle en partie 2), c’est beaucoup plus profond qu’un désir de photo instagrammable. C’est l’incarnation d’une relation cheval-humain sereine et harmonieuse. 

 

C’est tout un travail d’éducation de fond du cheval, mais surtout - voire principalement - du cavalier, dont l’objectif est simple… Améliorer la communication et par ce biais, la qualité de la relation entre un cheval et son humain. Tout ça est encapsulé par un petit bout de corde glissé autour de l’encolure d’un animal de 600 kg… Pas mal non ? Dans la plupart des cas, on démarre par retirer le filet (quand on n’a pas directement débourré son cheval sans mors), pour éduquer son cheval aux réponses à un licol en corde (communément appelé “licol éthologique”, même si on sait bien que le terme n’est pas le plus correct au sens strict, nous l’utiliserons ponctuellement pour que tout le monde comprenne l’idée). Au fur et à mesure que le duo évolue ensemble, la communication s’affine jusqu’à introduire cette fameuse cordelette (neckrope en anglais, littéralement “corde de cou”). 

 

La cordelette n’est que la cerise sur le gâteau de mois de travail. C’est également la représentation idéale d’un cavalier qui monte d’abord et avant tout avec son corps, son dos et son assiette, et d’un cheval qui est d’accord d’y répondre puisqu’a priori, la contrainte est encore plus minimale qu’avec les autres outils. Ce travail emblématique de la relation homme-cheval va plus loin, à mon sens. Je pense que cela permet même d’améliorer la performance technique dans certains cas, puisqu’on teste considérablement l’autonomie réelle du cheval. Ses équilibres, latéraux et longitudinaux, ainsi que son autoportée, sa capacité à maintenir un rythme constant… Retirer toute aide directe sur sa tête permet d’effectuer un certain nombre de vérifications, et de plus en plus de cavaliers très techniques dans leur équitation intègrent cet exercice ponctuellement. Vous pouvez bien entendu voir ce genre de travail dans plusieurs programmes sur Blooming Riders : l’incontournable Alizée Froment intègre une technicité très importante avec Sultan et Mistral. On peut également voir Antoine Nowakowski en faire de même avec sa jument de Grand Prix Quatergirl, ainsi qu’Emilie Haillot explorer ce qu’elle appelle la “position neutre” du dos de Bocador en cordelette. Mais si vous souhaitez voir comment on démarre la cordelette, je vous montre le processus avec Morphée dans “Monter en cordelette : introduction”.

 



 

Dans le cadre d’une pratique sportive, cela permet aussi d’offrir au cheval un peu plus de contrôle sur son attitude et sa posture globale, d’avoir une respiration dans une semaine d’entraînement parfois intense. Cela permet aussi de vérifier la véritable connexion existante entre le cavalier et son cheval, ainsi que d’obtenir un feedback assez clair du cheval sur la qualité d’équitation de son cavalier. 

 

En bref, ça va bien plus loin que le galop libre les cheveux au vent, et ça vaut le coup de s’y pencher.

 

2. Pour mieux communiquer avec son cheval, le freestyle est roi

Un peu de terminologie pour votre culture personnelle. On parle dans le jargon de “monter en cordelette”, mais le terme employé chez la méthode Parelli (qui est quand même à l’origine d’une hyperdémocratisation mondiale des méthodes des horsemen américains, appelée “équitation éthologique” en français) c’est “Freestyle riding”. Le freestyle, c’est donc la monte sans contact avec la tête du cheval. 

 

En fait, le freestyle, c’est une monte simple, pour un message simple. Si le message est simple, il est facile à expliquer au cheval ; s’il est facile à expliquer, le cheval peut facilement le comprendre et l’assimiler. Or, l’équitation, c’est quand même vachement compliqué. Donc pour que ça marche, et que notre cheval soit content de participer à cette drôle d’aventure que de monter sur leur dos, il faut qu’on soit capables de leur donner le goût de l’apprentissage.

 

Je vous invite dès à présent à faire preuve d’un bon gros anthropomorphisme, exceptionnellement. Si vous débarquez dans une classe d’allemand, et que votre allemand se résume à “Scheisse!”… Et que l’enseignant rentre directement dans le détail approfondi des déclinaisons sans même vous avoir expliqué comment prononcer les formules de politesse de base, vous allez être sacrément perdus, et vous allez entretenir ce cliché que l’allemand c’est une langue ingérable

 

Conclusion, est-ce que votre prof n’aurait pas mieux fait que de commencer son cours sur les déclinaisons par vous expliquer ce que sont die, der et das ? Est-ce que, même, peut-être, aurait-il pu commencer par vous enseigner des choses toutes simples, comme donner votre nom, ou dire bonjour et merci




Eh bien, le freestyle, c’est l’art de commencer par dire bonjour, merci, et au revoir, avant d’entrer dans la technicité de la grammaire et de la conjugaison. D’où le fait qu’on aime bien débourrer nos chevaux “freestyle”, en licol en corde sans trop de contact, chez les praticiens “horsemanship”, comme vous pouvez le voir dans le programme Jeune cheval sur la plateforme.

 

 

 

3. On cheval qui comprend : un cheval qui s’épanouit

Concrètement, le freestyle va vous encourager fortement à tout décomposer en petites pièces, que vous allez assembler lentement, mais sûrement. En freestyle, vous créez la fondation de votre communication en selle. Le freestyle est au travail monté ce que le travail en longe est au travail en liberté, en quelque sorte. Vous enseignez les bases d’abord en longe, avant de vous jeter dans le grand bain de la liberté. Avant de faire des triples saltos arrières en longues rênes (ce que tout le monde fait, indéniablement), vous commencez par expliquer à votre cheval comment déplacer ses épaules, ses hanches, et reculer.

 

Le freestyle va souvent s’effectuer en licol en corde, car c’est un outil ultra basique, simple, facile à sentir. Certains démarrent en mors - mon avis : vous êtes des cavaliers libres, dans un monde libre. On n'est pas sectaires, chez Blooming Riders, et on croit en vos choix. L’avantage du licol, c’est qu’il vous force à ne pas tricher, à faire de grands gestes un peu caricaturaux et pas super élégants (au début, après ça s'affine bien entendu), mais c’est important pour vous faire comprendre, quand il semble que votre cheval ne capte pas bien vos demandes.

 

Donc en freestyle, on prépare le cheval à des demandes de plus en plus complexes et abouties. Par exemple, le tout début du freestyle, c’est très souvent ceci :

  • à l’arrêt, flexions d’encolure des deux côtés : les aficionados du horsemanship sont déjà en train de se dire “tsss trop ea-syyy quoi”, tandis que moi, j’en ai vu un paquet, des cavaliers super avancés dont la monture n’était pas capables de donner une flexion de chaque côté sans gigoter dans tous les sens. Les basiques sont indémodables, et il y a une raison à cela !
  • à l’arrêt, déplacer le bloc des épaules vers la droite et vers la gauche : idem, le nombre de chevaux qui se mettent à tout bouger en même temps sans dissocier est assez grand !
  • à l’arrêt, déplacer les hanches sans bouger les épaules : vous avez compris la chanson…

 

On s’attarde sur tous les détails, et on met du soin à aller au bout des choses incomprises, pour qu’il n’y ait plus aucune place au flou dans la tête du cheval. Si c’est clair dans sa tête, le cheval prend confiance en l’apprentissage, en vous, et surtout, en lui-même !

 

Le premier jet d’un bon freestyle, c’est le cavalier qui peut trotter, galoper aux deux mains en échauffement encolure totalement libre, rênes à la couture, avant de démarrer sa séance sur le plat. C’est déjà la preuve que le cheval se tient tout seul sans l’aide de la main. Mais c’est également la preuve que le cavalier est capable de se tenir tout seul sans tenir son cheval ! C’est tout bénéfique et toute monte en cordelette démarre par là.

 

 

DSC06428 Grande.jpeg

 

4. C’est le corps d’abord, les mains et les jambes ensuite

Le freestyle a cet énorme avantage de vous encourager à décomposer l’utilisation de vos aides : si vous voulez être ultra lisible, vos aides doivent être ultra bien employées. Pour bien employer nos aides, en tant que cavalier, nous avons tous besoin de bien comprendre quand on agit et comment. Oubliez temporairement les notions de contact, de symétrie, d’impulsion, de postérieur intérieur et d’épaules qui dérapent… Concentrez-vous sur ce que vous faites exactement et précisément, et améliorez cela.

 

Voyons le processus applicable à de nombreuses situations de monte freestyle :

  • votre phase 1 démarre par votre assiette et votre dos.
  • puis, selon les exercices, phases 2, 3 et 4 vont jusqu’à utiliser les bras, les mains, ou les jambes.

 

Tout réside dans la phase 1 : vous devez vous conditionner à l’utiliser systématiquement et d’une façon quasi religieuse. Cela doit devenir un rituel, et la colère de Dieu s’abattra sur la France si vous avez oublié de parler avec votre dos et votre admirable fessier. 

 

Le reste, les rênes, les mains, les jambes, le stick ou quoique ce soit qui vient ensuite, ils sont voués à diminuer en présence, jusqu’à peut-être extinction pour certains… Et c’est là que les galops en cordelette sur la plage surviennent ! Ainsi que tous les autres trucs ultra stylés que les plus forts de ce monde sont capables d'achever. Genre, ces changements de pied au temps d’Antoine et Quaty :

https://www.youtube.com/shorts/cMV20GmsRkw

Or, on est tous dans la même panade. Que le cavalier qui n’a jamais perdu toute perception de lui-même et de l’espace, obnubilé par un problème qui ne passait pas, employant déraisonnablement jambes et mains au point d’empirer le tout, me jette la première pierre. Si vous avez toujours parfaitement transmis d’abord l’information avec votre assiette et votre dos, je ne vois qu’une chose : vous ne faites pas partie de l’espèce humaine.

 

5. “Le freestyle, c’est pour les cow-boys qui font du western”

 

Il est vrai, il est vrai… Qu’il y a de nombreuses similarités entre l’abord du travail en freestyle et la pratique de l’équitation western. Et alors ? C’est ça, que je trouve absolument trop cool en équitation : tout se rejoint quelque part. Pas besoin de juger vos confrères qui abusent des paillettes pour vous mettre au freestyle (vous remarquerez, d’ailleurs, que les paillettes sont très présentes aussi bien dans une discipline classique bien connue - le dressage - que dans certaines disciplines western ; encore un point commun maléfique !

 

 

 

 

Ce qui compte, c’est que le freestyle va vous aider, indubitablement, à mieux monter dans votre discipline classique favorite. Tout comme le travail au sol aide énormément dans la relation homme-cheval : un scoop, qui, encore en 2022, prend petit à petit racine sur le terrain. 

 

Je fais une petite liste des bénéfices du freestyle, je vous laisser juger de son intérêt :

 

  • il vous apprend à mieux gérer la personnalité de votre cheval
  • il vous offre énormément de stratégies pour régler des soucis de communication genre : réponse aux jambes ou réponse aux mains
  • il permet d’alléger considérablement TOUTE votre communication en selle
  • il permet de développer un cheval et un humain détendus, souples, harmonieux
  • il améliore votre relation avec votre cheval, puisque vous êtes forcés d’arrêter de faire des bêtises et de dé-com-po-ser
  • il supprime les Pokémons qui surgissent des coins qui font flipper (c’est un peu trop résumé, voyons les choses plutôt ainsi : il vous force à gérer intelligemment les angoisses de votre cheval, un animal de proie conçu de telle façon que ses chances de survie sont meilleures s’il s’écarte dès que possible de l’ombre, là-bas, dans le coin gauche du manège)
  • il vous apprend à mieux gérer vos aides : fini de s’accrocher aux rênes ou de talonner chaque foulée !
  • il développe un cheval autonome, responsable, sûr de lui, connecté à son cavalier

 

Puis si vous aviez du mal à être convaincus, vous constaterez que moult cavaliers vêtus de Cavaleria Toscana ou Horse Pilot à la tête ornée d’un joli petit casque de chez Kep se mettent aussi à cordeletter pépouse. 

 

6. La relation d’abord, le sport ensuite

Le freestyle ou monte en cordelette rentre dans cette logique implacable que la relation avec votre cheval est prioritaire sur toute pratique équestre.


En freestyle, on éduque le cavalier à penser d’abord “cheval” avant de penser “dressage”, “obstacle” ou “TREC”. On développe le “feel” du cavalier, son timing et sa capacité à devenir un homme de cheval qui développe d’abord un cheval sûr de lui, qui a confiance en son cavalier, qui a envie de le suivre où il le mène. On accroît les compétences techniques du cavalier en lui enseignant l’emploi juste de ses aides. On améliore le confort du cheval en encourageant le cavalier à lui lâcher la grappe, en montant rênes molles voire longues, sans agir du tout lorsqu’il n’y en a pas besoin.


En bref, de mon point de vue, c’est juste une case départ absolument magique, qui aide le cavalier à voir où il se situe, où son cheval se situe, et à lui donner les clés pour progresser step by step et en toute confiance. Un cavalier armé de ces connaissances, c’est la garantie d’un cheval éduqué sereinement.




Ensuite… Ensuite seulement ! Il sera temps d’aller spécialiser votre couple dans la discipline choisie. Mais vous aurez perdu du temps pour en gagner davantage lorsque vous démarrerez votre travail technique : normalement, les gros problèmes de communication sont dans l’ensemble réglés. La gestion du fitness émotionnel a été grandement abordée en freestyle également. La confiance en l’environnement aussi.

 

Cela ne veut pas dire que vous ne rencontrerez aucun problème ! On parle de chevaux et d’humains ensemble, ne l’oublions pas. Vous aurez d’office des noeuds au cerveau, vous avez décidé de faire de l’équitation, pardi… Mais, vous serez bien mieux éclairé sur votre chemin. Vous pensez “cheval” avant de penser “équitation”, et ça, c’est quand même sacrément important.

 

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