1 janvier 1
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Pauline Barbier
Le débourrage, c’est une étape cruciale dans l’aventure équestre d’un cheval. C’est un moment-clé, qui contient de nombreux enjeux éthiques, relationnels, techniques, comportementaux. Si l’on veut construire une équitation moderne, si l’on veut mettre les deux pieds dans le monde équestre du futur, il est grand temps de dédier à nos chevaux le temps dont ils ont besoin pour que le débourrage devienne une étape complètement fluide et banale.
Le débourrage, c’est une étape cruciale dans l’aventure équestre d’un cheval. C’est un moment-clé, qui contient de nombreux enjeux éthiques, relationnels, techniques, comportementaux. Si l’on veut construire une équitation moderne, si l’on veut mettre les deux pieds dans le monde équestre du futur, il est grand temps de dédier à nos chevaux le temps dont ils ont besoin pour que le débourrage devienne une étape complètement fluide et banale.
Nos conseils sur le sujet
1. Les conséquences d’un débourrage réalisé trop vite
2. Investir du temps, c’est investir sur le long terme
3. Chaque cheval a son propre timing
4. De la notion de respect du cheval : l’équitation, c’est pour les gens
Dans cet article, je vous propose de nous attarder sur les conséquences graves que peut avoir un débourrage réalisé trop vite, ou mal effectué. En effet, je n’ai pas vraiment pour habitude de vouloir faire culpabiliser les cavaliers, et je n’aime certainement pas nourrir les éléments négatifs. Toutefois, je pense qu’il est nécessaire de comprendre à quel point l’étape du débourrage est à prendre au sérieux, et que dans celle-ci germent des idées positives ou négatives dans la tête du cheval qui dureront bien au-delà du débourrage uniquement.
Un cheval dont le débourrage est raté donne ce genre de soucis :
Loin de moi l’idée de vous faire peur et de vous rendre tellement paralysé par l’angoisse de mal faire, que vous n’oserez plus rien dire à votre jeune cheval. Loin de là : la fermeté, les limites, la clarté n’est pas taboue pour moi. Surtout lorsqu’on a affaire au caractère de Valeroso, le jeune hongre PRE que nous débourrons sous vos yeux dans le programme Jeune Cheval de la plateforme. Val, de son petit surnom, est un caractère très type cerveau gauche avec une personnalité hyper affirmée et créative. Il nous fait rire, il est très joyeux et très extraverti. Il adore l’interaction, il adore réfléchir, et il apprend à la vitesse d’une gazelle en fuite. Pourtant, impossible de développer avec lui une relation saine si nous n’avions pas osé poser des limites claires lors des premières tentatives de morsures (même toutes petites, et même "pour jouer"), des premières idées de coups de cul un peu trop dirigés vers le cavalier, des ambitions d’arracher la longe lors de grandes montées d’excitation, des idées de bousculer le cavalier car la distraction extérieure est devenue forte…
Les limites ont dues être posées de façon claire, et sur cette base-là, on a avancé très vite avec le petit Val, toujours joyeux, toujours au taquet pour apprendre, et toujours avec son petit côté kékos qui nous fait quand même vachement sourire, il faut l’admettre. Toutefois, nous avons pris le temps… Nous nous sommes adaptées, avec sa propriétaire Lucie, à son rythme. Lorsqu’il est arrivé à l'écurie, il était très très déchaîné et manquait pas mal de respect. C’est un cheval, il ne sait pas ce que "respect" veut dire, et donc il fallait lui enseigner que le cavalier ne doit pas être bousculé, bougé, et qu’il doit gérer un peu plus sa tête et ses pieds par rapport à celui-ci. Cela a demandé un peu de temps, 2 à 3 semaines, pour qu’on cesse de négocier systématiquement. Une fois que ce fut acquis, on a pu avancer en respectant son mental : alterner entre des choses nouvelles et des choses à renforcer, alterner entre sauter et ne pas sauter, précision et dynamique, fun et répétitif.
Ces quasi 2 mois passés sur les bases ont ensuite permis de passer un 3ème mois sur son développement physique : découvrir comment varier les positions d’encolure, décontracter la ligne du dessus, engager les abdos, sur le plat, puis sur des barres, puis avant et après des petits obstacles… Varier la longueur des foulées avec des sauts de puce, varier l’engagement de l’arrière-main sur des hauteurs de croisillons différentes, bref : il avait nettement besoin de ce temps exploratoire au niveau du corps.
Nous faisons face, mi-juillet, à un jeune PRE de 4 ans très immature aussi bien mentalement que physiquement, et il n’était absolument pas prêt à être débourré. Nous voilà fin octobre, et Val a fait ses débuts sous la selle avec une très grande facilité, que certains pourraient qualifier de déconcertante tant cela a été un non-évèmenent complet. Certains seront certainement outrés par la durée : le cheval est arrivé mi-juillet avec, en tête, l’amibition du débourrage. La réalité, c’est que les premières allures sous la selle sont arrivées fin octobre.
Est-ce le débourrage qui a pris quasiment 4 mois ?
Absolument pas. La première mise en selle en elle-même a duré 10 minutes et fut aussi simple que le plus basique des exercices appris auparavant par le cheval.
Alors, pourquoi ces 3 mois de travail ?
Nous nous sommes adaptés aux besoins du cheval que nous avions face à nous. L’ambition que j’ai pour tout débourrage, c’est que cela soit anodin. C’est déjà tellement chargé en émotions pour l’humain… autant faire en sorte que le cheval y soit tellement préparé que cela coulera de source le moment venu. Et je peux affirmer que c’est réussi pour Val, et que cela doit être ainsi pour une majorité de chevaux. Ces 3 mois de travail pré-débourrage ont assuré que Val soit prêt mentalement et physiquement à démarrer une activité de cheval de selle, sans douleur physique, et sans perturbation mentale. En bref, y’a plus qu’à.
Ces 3 mois de travail ont un but essentiel qui nous aura permis de gagner énormément de temps par la suite :
Lucie, la propriétaire de Val, donne son avis sur le débourrage de son cheval :
"De mon point de vue - et bien heureusement pour moi, du point de vue de la propriétaire - qui, étant la cofondatrice de Blooming Riders, a forcément des valeurs très claires concernant les chevaux - ce timing était tout simplement nécessaire pour Val.
Ce modèle n’est pas universel dans sa forme, mais plutôt dans le fond :
Même si Val avait été destiné à de la compétition, je n’aurais rien changé. Simplement parce que…
a. sa future carrière est décidée par les humains, pour les humains. Je n’ai aucun problème avec ça, d’autant plus que Val relève plus du border collie que du chien-loup primitif à moitié sauvage. Il a besoin et apprécie clairement la sollicitation quotidienne des exercices. Les lignées types espagnoles sont sélectionnées depuis des centaines d’année pour travailler avec l’humain, et on vérifie ça chez Val sans difficulté.
b. on sait que l’équitation c’est d’abord pour faire plaisir aux humains. Le minimum syndical, à mon sens, c’est de rendre toutes les étapes importantes hyper faciles et fluides pour l’animal.
c. les besoins de Val ne s’adaptent pas à ce à quoi on le destine. S’il a besoin de temps, compétition ou pas, il a besoin de temps. On met toutes les chances de notre côté si l’on s’adapte à lui et pas à nous. Si l’on ignore les signes et que l’on presse le cheval, on met tout en place pour échouer au final."
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