7 novembre 2023

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Pauline Barbier

Le contact : florilège de tous les concepts indispensables à une bonne connexion

Le contact, une notion qui semble claire dans la tête des coachs qui vous en parlent, mais qui semble très floue pour bon nombre d'entre vous. On part des mains, des jambes ? On demande comment exactement ?

Haaa le fameux contact ! Tout le monde en parle, peu savent le définir, ne parlons même pas de comment y parvenir... Il s'agit probablement du Saint Graal de notre monde de cavaliers de tous horizons ! Plus sérieusement, nous avons tenté dans cet article de vous lister des points clé essentiels pour construire un bon contact, sain, de l’arrière vers l’avant, garantissant une bonne connexion du dos.

 

1. Un bon contact : le nerf de la guerre

Vu l’immeeeense variété d’équitations qu’on peut voir, il est clair que tout le monde ne s’accorde pas sur ce qu’est un bon contact. Si l’équitation est un jeu perpétuel de remise en question et d’humilité, le contact est probablement LA notion qui génère le plus de conflits et d’avis contradictoires. Alors nous partirons d’une première définition simple, qui correspond à un point de vue, le nôtre :) 

 

Un bon contact, c’est une connexion souple, fluide et légère entre la main du cavalier et la bouche du cheval. 
Un bon contact, c’est avoir les postérieurs dans les mains.
Un bon contact, c’est un dos connecté, en flexion, par l’engagement des postérieurs et des abdominaux du cheval qui soulève la ligne du dessus, afin de protéger le dos du cheval du poids du cavalier. 
Un bon contact, c’est le cheval qui cherche en permanence à développer et à livrer son encolure vers l’avant et vers le bas, selon le filtre des mains du cavalier : les mains avancent, l’encolure s’étire (sans s’aplatir), les mains reculent, l’encolure se compacte (sans se plaquer).
Un bon contact vient du moteur des postérieurs et pas des mains du cavalier qui forcent une flexion de l’encolure unique. 

 

On ne va pas juste vous laisser avec ces beaux concepts : on est ici pour parler de comment obtenir tout ça.

 

Emilie Haillot illustrant parfaitement le travail du contact abouti : le cheval suit la main du cavalier, peu importe où celui-ci lui demande de placer sa tête.

 

2. Un cheval devant la jambe

Pas de contact souple et fluide sans mouvement en avant non restreint ! Pourtant, mon expérience d’enseignante m’a montré qu’une grosse majorité des cavaliers ont une réponse à la jambe assez faiblarde. Et ça n’est pas la faute du cheval…

 

Rappelez-vous que le cheval n’est pas né avec le mode d’emploi de la bonne équitation imprimé dans son cerveau. Lui à la base, il ne sait pas ce qu’il doit faire ou pas, ou ce qu’on attend de lui. Ainsi, la réponse aux jambes, bien qu'il s'agisse d'une aide totalement élémentaire, s’enseigne au cheval, comme tout le reste. Or, ce travail doit déjà être démarré au débourrage, et il est souvent mal fait : on met en général trop de jambes, on ne module pas avec des phases claires et lisibles, et on ne récompense pas le jeune cheval clairement (soit en retirant VRAIMENT l’inconfort - on voit trop de cavaliers inconsciemment cramponnés avec les jambes - soit en récompensant avec une friandise, par exemple).

 

L’apprentissage de la réponse aux jambes, c’est très facile pour certains tempéraments, bien plus difficiles pour d’autres. Il y a de nombreuses façons de s’y prendre, mais ce qui est très clair, c’est que le cavalier est le gardien de cette bonne réponse. C’est lui qui doit apprendre à coller et décoller ses jambes comme il faut : les coller très doucement, très progressivement, en visant une réponse au souffle de la botte (que tout cheval est capable de donner si l’on s’adapte à SA psychologie à lui - d'où l'intérêt de connaître son tempérament et d'adapter la stratégie) voire quasi uniquement à l’assiette ; les décoller ultra rapidement dès que le cheval passe devant la jambe.

 

En bref… De bonnes petites bases en horsemanship feraient du bien à tout cavalier classique qui apprendrait aussi à trouver ses phases 1-2-3-4, histoire d’obtenir une clarté limpide chez son cheval concernant cette histoire de jambes. 

 

Sans moteur, sans impulsion naturelle, sans cheval qui se porte volontiers vers l’avant, pas de contact. Il faut donc commencer ici. A chaque fois que votre contact se dégrade, retournez à cette base. Cette leçon de notre programme Dressage : approche biomécanique avec Lydie Karoutchi pourra sans doute vous aider - module 8 épisode 6 ! 

 

3. Monter de l’arrière vers l’avant

De cette notion découle naturellement l’idée qu’on doit monter… De l’arrière, vers l’avant ! Et jamais de l’avant vers l’arrière. Si ce concept ne vous est pas familier, sachez que ça signifie simplement qu'on ne monte pas d'abord et uniquement avec les mains. La base du travail se passe derrière, comme expliqué dans le point précédent. 

 

J’aime bien parler de cette notion de point d’entrée et de point de sortie. Imaginez que vous voulez tendre un arc. Ou prenez une règle souple (celle de l’école, oui, en belge on dit une latte - et en tant que biesse française ça me fait toujours autant rire après 9 ans d’immigration). Vous devez mettre une pression des deux côtés de la règle (ou de l’arc) pour créer cet arrondi… Si vous n’appuyez que d’un côté, ça ne va pas trop marcher ! Ben sans trop complexifier, le dos de votre cheval, c’est peu ou prou pareil. 

 

Le point d’entrée : c’est le moteur, le cheval devant la jambe, les postérieurs qui donnent du mouvement.
Le point de sortie : c’est la main, qui va bien sûr dire quelque chose (la main ne dit pas rien !), mettre une contrainte devant pour rediriger l’énergie afin de créer cet arrondi dans le dos, cette flexion qui permet au cheval de porter un cavalier sans s'abîmer.

 

Alors bien sûr, votre cheval, c’est un animal vivant, pas une latte ou un arc. Ça sera donc infiniment plus complexe que juste mettre du mouvement et filtrer devant, mais vous avez l’idée de base. Donc pour résumer : vos jambes passent votre cheval devant vous (point d’entrée), puis vos mains filtrent en se fermant plus ou moins selon la réponse du cheval devant. Dès que ça se dégrade, vous recommencez : devant vous par les jambes, filtrage par les mains. Jambes, puis mains, jamais l’inverse

 

4. La main filtre l’énergie créée

Alors maintenant, on arrive à ces fameuses petites mains sur lesquelles tout le monde s’obsède beaucoup trop.
Hautes, basses, comme ci, comme ça… Wouah, ça peut donner de fameux noeuds au cerveau d’écouter chacun donner son avis affirmatif et irréfutable avec véhémence sur les Internets !! 

 

Je vous le dis tranquillement, moi personnellement, j’aime bien des mains qui s’oublient un peu. Je suis pas trop de la team mains perchées, mais il faut de tout pour faire un monde et si vous n’aimez pas les mains basses, ben écoutez, c’est pas grave !

 

Déjà, si vous pensez que les mains basses signifient agir sur les barres, je vous enjoins vivement à regarder cette leçon du programme de Bit et Bridle-fitting avec Laetitia Ruzzene - module 2 épisode 3 - qui se base sur l’anatomie du cheval pour démontrer que non, agir sur les barres, c’est pas tellement possible.

 

Personnellement, j’aime bien que les forces puissent se transmettre avec le moins de heurts possibles, donc j’évite autant que possible de créer des angles entre la bouche et mon corps, donc je tends vers le bon vieil alignement coude, poignets, bouche, même si dans la vraie vie mes mains bougent, et agissent, donc ça ne reste évidemment pas comme ça tout le temps.

 

Ensuite, sur des mains plutôt basses et qui fonctionnent comme un prolongement de mes rênes et de mes bras, eh bien… Je vais ouvrir ou fermer mes mains selon ce que je sens dans mes rênes.

 

Donc sur un cheval qui avance, je vais essayer d’avoir une encolure qui est d’accord de se fléchir quand elle rencontre une résistance dans mes doigts (la fameuse flexion verticale qui est inhérente à un bon contact). Mes doigts résistent quand le cheval pousse contre ma mains, mais en revanche, ils s’adoucissent instantanément quand le cheval cède. Et surtout, mes mains avancent, devant, pour laisser passer l’encolure et le bout du nez vers l’avant. En gros, je laisse de l’espace pour dire au cheval qu’il peut prendre cet espace quand il cède. 

 

Alors évidemment, la quantité de résistance et de cession dépend tellement du contexte, du cheval, de l’instant T que c’est impossible de donner plus d’explications que ça. En bref, les mains filtrent l’énergie créée pour encourager le cheval à horizontaliser sa ligne du dessus et à s’arrondir vers l’avant.

 

Si votre cheval ne connaît pas encore le travail en mors et que vous souhaitez introduire ces différentes notions à pied, je vous invite à visionner notre programme sur l'introduction du contact au sol

 

 

 

Ici, Pauline Basquin et un jeune cheval à l'entraînement : le contact semble bon, mais le jeune cheval est encore en équilibre sur les épaules. Son écuyère l'aidera à se dresser un peu plus tard dans le travail. 

 

5. Les mains se ferment ET s’ouvrent

Plus facile à dire qu’à faire ! Et pourtant, si je revêtis ma casquette d’éducatrice équine, difficile de ne pas affirmer à quel point ce point est indispensable.

 

En fait, c’est comme l’histoire des jambes. Si vos jambes ne s’arrêtent jamais d’agir, votre cheval va finir par perdre toute motivation à y répondre (elles sont sans cesse agaçantes !). Si vos mains restent tout le temps fermées, quand est-ce que votre cheval comprend qu’il a bien agi, que c’était la bonne direction ?

 

Si votre cheval ne récupère jamais un confort complet, la valeur de l’inconfort des mains qui se ferment diminue. On arrive petit à petit vers une bouche “dure”, alors qu'un cheval à la base n’a pas une bouche dure ou une bonne bouche, il a la bouche que les mains du cavalier conditionnent, "bonne" si on lui a bien appris comment ça fonctionnait, "dure" à cause des mains qui ne disent jamais “oui”.

Parce que donc, en gros, les mains, ça dit “non” mais ça dit aussi “oui”. Attention aux zones grises : des mains sans cesse en train de tirailler ou doucement faire droite-gauche ni vu ni connu (he oui, on vous voit)… Et bien ça crée des contacts artificiels où votre cheval est tenu par vos mains même un petit peu, et pas par lui-même.

Le test ultime, c’est la rupture de contact (ou überstreichen) : coupez le contact en avançant vos mains droit vers les oreilles en suivant la ligne de crin, pour 1 seconde max. Que se passe-t-il ? Est-ce le bazar complet ? Perdez-vous tout ce que vous avez créé ? Ou bien est-ce que votre cheval maintient son allure, sa posture et son rythme ?

Personnellement, je vise des chevaux autonomes dans tout. Mon cheval se porte tout seul, avance tout seul, s’arrondit et garde ça tout seul. Evidemment, je le guide beaucoup, surtout au début ; la fameuse “descente des aides” se mérite. Mais l’objectif n’est pas que je tienne mon cheval par tous les bouts, à terme. Déjà, parce que j’aime monter légèrement. Ensuite, parce que j’ai envie que mon cheval soit physiologiquement, mécaniquement fonctionnel : si j’applique des résistances de toute part, c’est que mon cheval résiste contre celles-ci aussi et qu’il contracte probablement les mauvais muscles pour ça… Or, on veut développer un physique harmonieux et sain, n’est-ce pas ? On ne veut pas que le cheval résiste.

Donc les mains disent “non”, mais elle disent “oui” sans hésiter !

 

5. Rythme & décontraction : l’échelle de progression

Reprenons un petit peu l’échelle de progression. S’il y a des variations selon les traductions, permettez-moi de ne pas prendre la française que je ne trouve pas super claire. En anglais, le premier échelon est “Rhythm”, et en allemand, “Takt”, qui ici, fait référence également au rythme (et en français on lit souvent “Correction de l’allure”, ce que je trouve dommage). 

 

Si l’on prend un jeune cheval ou un cheval un peu vert, il est très fréquent que celui-ci montre un rythme irrégulier : il va accélérer, freiner, de façon un peu chaotique et parfois aléatoire (même si c’est souvent corrélé à une partie du cercle plutôt qu’une autre : on accélère quand on passe devant la porte, on ralentit le long de la lisse, par exemple). Cet échelon du Rythme nous encourage, cavaliers, à lisser ce rythme, afin de l’uniformiser sur l’ensemble de notre tracé.

 

Le rythme est intrinsèquement relié à la notion d’équilibre que je développe dans le dernier point. Pour faire bref : un cheval qui donne un rythme constant, c’est un cheval qui est en équilibre. Un cheval qui montre un rythme chaotique est un cheval en déséquilibre. Une fois le rythme lissé, l’équilibre trouvé, le cheval va naturellement se sentir mieux - ben oui, on est tous bien plus relâchés et détendus quand on est en équilibre. Essayez de rester détendu quand vous vous cassez à moitié la figure… ça ne fonctionnera pas (ou alors c'est que vous êtes tombé dans les pommes).

 

Cela nous mène à l’échelon 2, le fameux “Relaxation” ou “Losgelassenheit” en allemand, concept complet qui décrit la relaxation tonique qu’on cherche quand on monte un cheval. Il ne doit pas être détendu comme un cheval qui se fait masser avec la lèvre inférieure qui pendouille, mais décontracté dans sa façon de se mouvoir. Bref, tout un chantier. Si vous parlez anglais, vous pouvez lire cet article de Dressage Today pour un peu plus de détails sur cet échelon de l'échelle de progression. 

 

Quand ces deux étapes sont remplies, on atteint l’échelon 3 : “Connection” ou “Anlehnung”, le Contact. Sans un rythme constant apportant une relaxation globale, pas de contact correct.

 

6. L’équilibre longitudinal et latéral

Terminons sur un dernier point indispensable : les équilibres. Il y a évidemment l’équilibre longitudinal (avant/arrière), mais aussi latéral (droite/gauche).

 

On a vu ci-dessus qu’un bon équilibre longitudinal démarre par une constance du rythme. Nous cavaliers allons réguler notre cheval, en anticipant de façon proactive les changements de rythme pour parvenir à un lissage de ceux-ci. Chez Parelli, on parlerait sans doute de micromanagement ; mais sans ça, bon courage pour donner un rythme constant à un cheval. Je crois sincèrement que c’est un passage indispensable dans un premier temps et je ne trouve pas que cela pose de problème, puisque le but est d’agir d'abord beaucoup pour agir de moins en moins à mesure que le cheval prend de la bouteille. Cet équilibre longitudinal commence par le rythme. 

 

Ensuite, il y a l’équilibre latéral. Celui-ci, il commence aussi par la compréhension par le cheval de vos aides latérales. Imaginez que vos aides latérales sont comme deux murs : main gauche + jambe gauche = mur gauche ; main droite + jambe droite = mur droit. Votre cheval doit suivre ces murs si ceux-ci viennent à son contact. Tout comme les jambes, c’est une éducation à part entière qui est loin d’être simple ! Si votre cheval respecte ces murs, eh bien il vous sera bien plus facile de redresser d’un côté ou de l’autre.

 

Alors sans rentrer dans un travail de symétrie/dissymétrie, gardez en tête qu’aucun cheval n’est parfaitement droit et qu’il y a toujours un postérieur qui a moins envie de propulser que l’autre. Or, un bon contact, c’est aussi une poussée égale des postérieurs. Vous comprenez où je veux en venir… L'équilibre latéral et donc la poussée égale des postérieurs passent par la correction des déséquilibres latéraux, pour permettre au cheval de propulser droit. 

 

Souvent, on a un cheval qui tombe sur une épaule et évase excessivement le cercle d’un côté, et qui à l’inverse, tombe à l’intérieur et coupe la courbe à l’autre main. L'idée est simple (l'application l'est moins, comme d'habitude) : il va être temps de l’éduquer aux murs latéraux de vos aides pour redresser gentiment. 

Et évidemment, toute la gymnastique des exercices de déplacements latéraux vous aideront aussi… Mais ça, selon moi, c’est une fois qu’on a une base de contact correcte ! Je vous invite à visionner ce programme sur Les déplacements latéraux avec Pauline Basquin pour vous rafraîchir la mémoire. 

J’espère que cet article vous aura apporté quelques éléments de réponse et qu’il aura nourri votre réflexion. Maintenant, en selle !

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