1 janvier 1

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Laetitia Ruzzene

Le bit-fitting : quel mors pour quel cheval ?

Le terme ne vous aura probablement pas échappé. Depuis quelques années, le "bit-fitting", pratiqué par les "bit-fitters" s'est fait une place dans le cosmos entourant le cheval au travail. Mais qu'est-ce que c'est au juste, le bit-fitting ? Ça fait quoi exactement un bit-fitter ? À quoi tout ceci pourrait bien vous servir, vous, cavalières et cavaliers ?

Le terme ne vous aura probablement pas échappé. Depuis quelques années, le "bit-fitting", pratiqué par les "bit-fitters" s'est fait une place dans le cosmos entourant le cheval au travail. Mais qu'est-ce que c'est au juste, le bit-fitting ? Ça fait quoi exactement un bit-fitter ? À quoi tout ceci pourrait bien vous servir, vous, cavalières et cavaliers ?  

 

Nos conseils sur le sujet :

 

  1. D'où vient le bit-fitting ?
  2. La notion centrale du contact
  3. En quoi consiste le job du bit-fitter ?

 

1. D'où vient le bit-fitting ?

 

Tout d’abord, un peu de sémantique concernant cet énième anglicisme apparu récemment dans nos contrées francophones. Si l'on traduit littéralement de l'anglais au français, "bit" signifie "mors" et "fitting " veut dire "ajuster". Mais cette traduction est, finalement, assez imprécise et incomplète face à la réalité du terrain. Pour comprendre ce que fait - vraiment - un bit-fitter et sa position dans l'environnement de votre cheval, il faut aller un peu plus loin que traduire littéralement ce terme.

 

Et si nous commencions par un peu d’histoire ?

 

Le terme “bit-fitting” est donc anglo-saxon, et c'est effectivement vers nos amis les anglais qu'il faut se tourner. En bit-fitting comme en saddle-fitting, ils sont en effet pionniers, et nous nous servons tous, dans des proportions différentes, de la base en provenance du pays du cheesecake. L'adaptation de l'équipement au “client” cavalier-cheval (sans la facette scientifique disponible aujourd'hui) remonterait en effet en Angleterre au travail du Lormier (Loriner en anglais). Et qu’est-ce donc ça un lormier ? Dans une époque qui n'est plus la nôtre, le Lormier était chargé de la fabrication de la plupart des pièces métalliques de l'équipement du cheval : mors, bouclerie, étriers, éperons…

Les lormiers avaient généralement un carnet de clients à satisfaire et pour chacun des demandes plus ou moins adaptables (adaptées c’est encore une autre histoire, il faudra attendre un peu). Ils pouvaient également être amenés à imaginer des outils, des mors par exemple, répondant à une certaine problématique. Ce qui s’apparente un peu au travail actuel des conseillers en équipement sportif !

 

 

À notre échelle plus contemporaine, ce savoir-faire ancien s’est enrichi. Plusieurs outils transverses comme la connaissance des matériaux, l’avancée de la médecine vétérinaire, la connaissance de l’anatomie fonctionnelle, de la locomotion ou des modèles en physique des solides ont fortement fait évoluer les pratiques et les outils. Toutefois, ce savoir-faire continue d'être conservé par la Worshipful Company of Loriners, corporation qui, je vous le donne en mille, se situe à Londres depuis 1261 (oui, c'était il y a un bail). Non contents de préserver un savoir-faire ancien, ils le transmettent et soutiennent les activités de recherche sur la thématique via l'université de Cambridge. Tout l’ancien n’est toutefois pas à jeter ! Il est intéressant par exemple de savoir que le procédé d’obtention de certains éléments de sellerie se fait encore “à l’ancienne”, par moulage au sable. Mais là, on s’égare un peu.

 

2. La notion centrale du contact

 

Bon, nous avons fait un peu d'histoire, c'est pas mal, mais entrons dans le vif du sujet, voulez-vous ? Le bit fitter, ce lormier des temps modernes, que fait-il au juste ? Il nous faut commencer par ce qui va être le fil conducteur : la notion de contact. Le contact, c'est une aide dont nous disposons à cheval, au même titre que les jambes, l'assiette, le poids du corps, etc… Cette aide est dédiée à la communication entre le cavalier et son cheval. Cette communication se fait par le biais de différents outils : les embouchures, prenant place dans la bouche (les mors), les ennasures, prenant place sur le nez (par exemple les side-pull) et la briderie, servant à porter ces précédents outils. Et dans le cas des rênes, à relier le cavalier à son cheval. Le champ commence donc à s'élargir !

 

 

Ces différents outils vont transmettre des informations via des stimuli physiques, des contacts avec le cheval. En équitation, on a un peu partout les mêmes (bonjour l’originalité) : pression ou absence de pression. Cette binarité et cette simplicité apparentes se transforment au fil de l'éducation du cheval en une codification hyper complexe, en étant notamment couplée aux autres aides disponibles. En effet, chaque mouvement ou vibration sur vos rênes veut dire quelque chose. Généralement quelque chose de précis ! Nous l’avons vu un peu plus haut, nous sommes en présence de stimuli physiques. Et ce qui va nous intéresser maintenant, ce sont les structures sur lesquelles sont exercés les différents stimuli dont nous venons de parler.

Car ces stimuli vont pouvoir s’exercer au travers des différents outils dont nous disposons : embouchures et ennasures. Et les structures sur lesquelles ces outils agissent sont particulières. Très particulières. En effet, les structures buccales, tout comme comme le nez ou la tête du cheval sont plutôt sensibles. Richement innervées, hautement sensibles et proches d'articulations clés dans le corps du cheval (comme les ATM par exemple, articulations temporo-mandibulaires), nous aurions plutôt intérêt à y regarder à deux fois.

 

3. En quoi consiste le job du bit-fiter ? 

 

Bon, ça tombe plutôt bien puisqu'on en arrive enfin au travail du bit-fitter !

Sa première mission est en effet de s'assurer que le matériel dédié à la transmission du contact (embouchure ou ennasure et briderie) soit en adéquation avec les structures buccales et la "topographie crânienne" de votre cheval. Dit en termes simples, il s'agira de s'assurer que le mors n'entre pas en contact avec les dents, que la place soit suffisante et que la langue soit un maximum libre de ses mouvements. Pour le bridon, que le frontal soit adapté, qu'aucun élément n'entre en conflit avec les différentes structures sensibles de la tête et que la têtière soit portante uniformément et adaptée à la nuque de votre cheval. Que les oreilles puissent bouger, que la mâchoire soit libre, que les mouvements déglutoires et respiratoires ne soient en aucun cas gênés. Enfin, ce sera s'assurer que vos rênes sont adaptées à la forme de vos mains et à votre préhension. 

Pfiou ! … Attendez, reprenez votre souffle : ce n'est pas fini ! 

 

 

Toutes ces vérifications - en plus d'une palpation pour s'assurer que des tensions musculaires ne s'invitent pas dans le schmilblick - sont faites en statique. Sauf que vous l'aurez intuité, nous faisons rarement de l'équitation en restant immobiles. Et ce qui fonctionne en statique, ne garantit pas que cela fonctionne en dynamique ! En ajoutant le mouvement et la variation du contact aux observables précédents, on ajoute en effet beaucoup d'autres points de vigilance. Le fonctionnement de l'équipement et son adéquation à la fois aux préférences du cheval, à celles du cavalier et à leur besoin conjoint de clarté et de compréhension est couplé à leurs postures et préférences locomotrices. L'ensemble se faisant tout en s'assurant un maximum et à chaque instant de la préservation de l'intégrité physique et mentale du cheval.

Et là, on a un sacré programme ! En effet, ces variables là sont non seulement difficiles à repérer, mais elles sont aussi compliquées à isoler et à faire varier indépendamment du reste. Évidemment pour arriver à ses fins, il suffirait finalement d'essayer plein de choses jusqu'à trouver la bonne combinaison. Mais l'avantage d'un bon bit-fitter réside ici : essayer un panel d'outils restreints et réfléchis, pour économiser du temps et de l'argent (beaucoup), tout en ayant un regard extérieur affûté (l'autocritique étant un exercice très compliqué) sur sa situation.

C'est à dire qu'actuellement, l'offre matérielle en termes de briderie et d'embouchures et autrement plus étendue et variée qu'il y a quelques années. Le marketing et la publicité s'en sont également mêlés, rendant l'offre suffisamment opaque et déjà jalonnée d'idées reçues pour perdre n'importe quel cavalier bien intentionné. Matières, brisures, anneaux, cintrages, accessoires, épaisseurs & co fournissent des possibilités de combinaisons factorielles. Le bit-fitter est là pour faire des choix raisonnés dans cette offre peu raisonnable et c'est précisément cela qui vous fera gagner du temps et de l’argent. Parce que le cœur de ce métier, c'est éviter les pièges des idées reçues, savoir faire le tri dans ce qui est vraiment intéressant ou non et coupler tout ça à une analyse individuelle et unique, qui est celle du fonctionnement de votre couple cavalier-cheval.

Cette analyse est rendue possible par les nouvelles connaissances liées au fonctionnement et à la locomotion du cheval et du cavalier, mais aussi à un travail en synergie avec les autres professionnels entourant votre cheval : vétérinaire, dentiste, ostéopathe, saddle fitter, kiné… Il existe en outre plusieurs approches concernant le bit-fitting, qui ne s'excluent pas entre elles, dépendant du parcours et de la formation du professionnel en question. J'ai personnellement une approche plutôt technico-scientifique, liée à mon parcours en sciences et à l'ingénierie mécanique, mais la plupart des bit fitters ont une approche différente de la mienne. L'important est de trouver, comme avec tout autre pro, la personne dont l'approche vous convient le mieux et qui obtient des pistes ou des solutions pour votre situation en respectant votre cheval, vous, votre équitation, vos objectifs et votre budget.

 

 

Toutefois, une séance se déroule toujours peu ou prou selon les mêmes étapes :

 

  1. Palpation de votre cheval et étude de l'existant
  2. Détente montée et/ou à pieds avec votre matériel habituel
  3. Essai de différentes combinaisons
  4. Conclusion et recommandations
  5. Envoi d'un compte-rendu

 

Attention, afin de respecter les processus d'apprentissage et s'assurer du bien-être de votre cheval, la séance d'essai ne devrait pas excéder 1h montée, détente comprise.

À l'issue des essais, vous pourrez être amené soit à conserver votre matériel, en optimisant par exemple quelques réglages, soit à en changer tout ou une partie. Dans un cas comme dans l'autre, le choix sera justifié par le pro par des impératifs structurels et/ou techniques. 

Appeler un bit-fitter peut donc répondre à deux objectifs, cumulatifs : s'assurer de l'adéquation de son matériel à son cheval, mais aussi trouver des optimisations et/ou facilitations techniques pour sa communication avec lui. Ainsi, il n’est pas nécessaire d’attendre d’être dans une situation difficile ou conflictuelle pour se poser la question de l’adaptation de son matériel. Le conseil en ergonomie de la briderie et des embouchures (vous comprenez pourquoi on dit “bit fitting”, c’est quand même plus court !) s’inscrit en effet également parfaitement dans une démarche de prévention.

 


 

En conclusion et si il y avait une définition du “bit-fitting” à retenir : c’est la discipline qui permet au “bit fitter”, lormier des temps modernes, de se frayer un chemin logique dans l’offre matérielle, afin de vous faire gagner du temps, de l’argent et des connaissances sur le matériel en relation avec les besoins et particularités de votre communication cavalier-cheval !

Et si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à faire un tour sur le site d’information dédié : www.bit-fitting.fr

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