1 janvier 1

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Pauline Barbier

La confiance et le cheval : comment la créer et l'entretenir ?

Dans toute relation qui se respecte, la confiance est la clé de voûte : sans elle, la relation est bancale. Comment faire pour créer ou rebâtir cette confiance ? Et comment s’assurer qu’elle ne s’éteigne pas ?

Dans toute relation qui se respecte, la confiance est la clé de voûte : sans elle, la relation est bancale. Cela se manifeste notamment par un refus de coopérer du cheval ou du poney, par un manque de fluidité globale, de difficultés parfois croissantes dans les interactions quotidiennes… La qualité du travail de tout bon comportementalisme, éducateur équin, ou cavalier professionnel repose globalement sur sa capacité à créer un lien de confiance entre l’animal et l’humain. Un individu A octroie à un individu B des vertus qui permettent d’observer un respect de l’autre, fondamental pour la création de toute coopération. Dans toute relation homme-cheval, cette confiance est fondamentale. Pourtant, pourquoi observe-t-on si fréquemment des chevaux qui semblent craindre les humains ? Qui ont du mal à leur faire confiance face à des éléments inconnus dans leur environnement ? Comment faire pour créer ou rebâtir cette confiance ? Et comment s’assurer qu’elle ne s’éteigne pas ?

Nos conseils sur le sujet :

1. Prendre le point de vue de l’équidé
2. Construire une équipe solide avec son cheval ou poney
3. Entretenir la confiance : un travail constant
4. Le compte en banque de l’amitié : "undemanding time"

1. La confiance commence par "penser" cheval

Le chantier de la confiance interespèce (entre deux espèces différentes, ici, l’humain et l’équin) démarre toujours par la capacité de l’humain à adopter le point de vue de l’animal avec lequel la relation va démarrer. Pour le cheval, c’est finalement assez simple. C’est une espèce très différente de l’être humain, dans sa physiologie, dans sa psychologie, dans ses besoins fondamentaux… Le cheval a une perspective sur son environnement taillée par des millénaires d’adaptations à son milieu et ses besoins, non pas à ceux de l’humain.

On observe, par exemple, ces différences probantes :

  • le placement des yeux du cheval, disposés de façon à maintenir une surveillance accrue d’un environnement qui pourrait cacher un danger fatal au cheval. A l’inverse, les humains ont, comme de nombreux prédateurs, les yeux placés devant le visage, de façon à rétrécir le point d’attention sur une cible / un objectif précis.
  • le système digestif du cheval, construit de façon à être nourri de manière quasi constante par des fibres et très sensible au changement. A l’inverse, l’humain peut être nourri de façon concentrée quelques fois par jour et se porter parfaitement bien.



  • le cheval a construit un cerveau qui envoie un signal d’alerte dès que quelque chose se distingue du reste de l’environnement, afin de l’aider à prendre toutes les précautions possibles pour survivre. L’humain, lui, a développé des capacités cognitives très poussées qui lui offre la possibilité de rationaliser, de modifier son milieu, et trouve complètement ridicule que son cheval ait peur d’une feuille plus verte qu’une autre.



  • le cheval est, d’une façon générale (avec des exceptions) néophobe : il se méfie de la nouveauté. C’est cela qui a permis à l’espèce de traverser les siècles et d’exister toujours aujourd’hui. 

On peut poursuivre la liste longtemps : le cheval est né pour se méfier de beaucoup de choses, fuir d’un coup et courir très vite, et manger en quasi permanence en se déplaçant dans des espaces ouverts, lui permettant de scanner facilement le paysage autour de lui. Si l’humain ne comprend pas cela, on part sur une mauvaise base pour instaurer une confiance durable. En effet, le cheval va évoluer dans un monde d’humain, avec quantité d’objets qu’il interprètera comme une menace vitale, des changements d’environnement fréquents qui élèveront son niveau de stress… Si l’humain démarre en prenant tout cela en compte, il fera les aménagements nécessaires pour offrir ce qu’il faut pour assouvir les besoins fondamentaux de son animal, et rendre les moments difficiles plus confortables.

 

 

Aujourd’hui, cette démarche ne semble pas tout à fait être la norme dans trop de centres équestres. On peine à transmettre à tout futur cavalier ces notions fondamentales. Cette absence explique ô combien de défaillances, de points de friction et de blocages qui auraient été évité si la formation du cavalier avait été réalisée sur base de qui est le cheval. 

Etape numéro 1, donc : se former sur qui est le cheval. Ça tombe bien, c’est notre métier, chez Blooming Riders.

Quelques liens utiles pour apprendre :

2. Construire une équipe solide

Le monde change vite. La pratique équestre en 2022 n’est pas celle d’il y a 50 ans. Pratique de loisir, l’équitation a elle aussi considérablement évolué. Aujourd’hui, la majorité des chevaux sur la planète vivent au quotidien avec des humains. Ainsi, la coopération devient la norme ! Pour que celle-ci se passe bien, c’est du côté de l’humain que l’on va se pencher. En effet, je pars ici du principe que le cheval ne décide pas vraiment de son avenir et qu’il est en général sous la tutelle d’un humain, disons, son propriétaire, et qu’il incombe donc à celui-ci d’utiliser sa responsabilité avec intelligence. Le cheval et l’humain vont donc former un duo, une équipe. Pour que celle-ci fonctionne bien, et que le cheval octroie sa confiance à l’humain, plusieurs ingrédients sont à retenir :

  • l’humain doit être perçu positivement par le cheval. 
  • la communication employée par l’humain doit être lisible, claire et compréhensible pour le cheval.
  • les activités réalisées ensemble doivent contenir un savant dosage de choses agréables et de choses nécessaires mais peut-être moins agréables (travail sur l’émotionnel, mises en place de règles de sécurité).
  • l’humain doit respecter le rythme d’apprentissage du cheval, même si celui-ci estime qu’il est trop lent à son goût.
  • l’humain doit être capable d’observer s’il a besoin de l’intervention d’un professionnel ou de quelqu’un meilleur que lui, lorsque le cheval pose des problèmes.
  • Tout comportement “indésirable” l’est avant tout aux yeux de l’humain. Si un cheval exprime un comportement qui semble problématique, c’est à l’humain d’agir sur la cause et de comprendre son origine.
  • l’environnement du cheval doit lui permettre d’exprimer ses comportements naturels (bouger, se rouler, gratter, interactions sociales) et donc d’avoir un mental apaisé et en équilibre. 


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Tout un programme qui nécessite un sacré boulot de la part de tout cavalier. 

Etape numéro 2 : être un humain agréable pour le cheval, qui accepte et emploie pleinement sa responsabilité de gestion d’un être vivant et sensible, capable de modifier l’environnement quand celui-ci ne convient plus, et disposé à se remettre en question et à apprendre.

Si vous souhaitez en savoir plus sur comment vous comporter, les programmes suivants peuvent aider :

3. Entretenir la confiance : un travail constant

Dans le travail quotidien, en natural horsemanship, on parle de 4 types de confiance :

  • la confiance en l’environnement
  • la confiance en l’humain
  • la confiance en l’apprentissage
  • la confiance en lui-même

 


Commençons par l’environnement.

Bâche, drapeau, parapluie, plots, coin qui fait peur, autre… La liste des potentiels objets environnementaux “stressants” est très longue selon le tempérament naturel de votre cheval. Si certains sont naturellement très curieux et peu inquiets, d’autres ont un seuil de tolérance très faible et ne supportent pas la nouveauté ou l’imprévu. 

En s’adaptant à votre cheval, il est très intéressant de consacrer quelques séances par mois à la découverte, l’observation et la mise en confiance d’un objet inquiétant. Ballon, parapluie, tondeuse : une démarche d’association positive permet d’enseigner au cheval que finalement, les objets inquiétants sont souvent sans danger. Ce travail de confiance en l’environnement est essentiel et permet d’élargir la zone de confort de votre cheval.

Ensuite, l’humain.

Ses gestes, sa voix, ses demandes : les interactions avec chaque humain façonnent l’image mentale que le cheval en a. Si les interactions sont souvent brusques, abruptes, brutales, voire injustes, le cheval va redouter l’approche d’un humain. Si l’humain ne respecte pas le langage du cheval qui exprime une inquiétude, qu’il “force” l’animal, l’association faite par le cheval sera négative. Un humain sympa, qui communique avec clarté, qui offre des gestes lisibles et confortables, sans brusquerie et sans surprise, c’est le gage d’un cheval qui construit sa confiance.

Apprendre à apprendre… 

Un cheval, guidé par un humain éclairé, qui rencontre quotidiennement des exercices bien construits, des séances bien imaginées, apprend à apprendre. Il apprend comment la pression s’applique et se retire, il apprend comment obtenir des récompenses alimentaires, il apprend comme obtenir du confort, il apprend à résoudre des énigmes. Quand c’est très bien fait, il peut même y prendre goût et aimer cette stimulation !

Une confiance en lui-même.

De tout cela, découle un cheval qui prend confiance en lui. Sa zone de confort environnementale s’agrandit. Sa zone de confort émotionnelle, par le guide de l’humain et des apprentissages, s’agrandit. Sa zone de confort cognitive aussi. On construit un cheval sûr de lui, capable de s’employer pleinement et de gérer des stress. Tout cela, ça démarre par vous, humains, cavaliers. 

Dans cette vidéo, vous avez un extrait de ce type de travail. 

 


Lien utile :

4. Le compte en banque de l’amitié : “undemanding time”

Prenons une relation entre un cheval et son cavalier.

Celle-ci est composée d’interactions, de la plus banale (mettre un licol et aller en prairie) à la plus subtile (rassembler pour piaffer). 

Comme dans toute relation, certaines interactions vont être perçue comme positives par les deux individus. D’autres seront considérées positives par l’un, négatives par l’autre, et vice-versa. Par exemple, si vous adorez sortir votre cheval pour le brosser, mais qu’il montre une anxiété de séparation forte, malheureusement, cette interaction va être perçue négativement - voire très négativement. Si la situation ne fait que se répéter sans amélioration, vous finirez par être associé à ce moment, et la perception négative va déteindre sur vous… Même si vous n’êtes pas la cause du problème initial. 

Autre exemple : vous adorez les promenades, mais c’est un moment d’enfer sur terre pour votre cheval. Pour vous, c’est trop chouette de se promener en forêt. Pour votre cheval, c’est une lutte contre l’adversité à chaque bûche croisée.


 

Dans les deux cas, ce sont des problématiques qui se règlent sans aucun problème avec un bon travail éducatif. Ce ne sont pas des états de fait sur lesquels nous n’avons pas de contrôle, bien au contraire. Mais le temps d’améliorer la situation, vous devez prendre en compte la perception que ces soucis engendrent chez votre cheval, et les potentielles conséquences sur la relation.

Simplifions. Voyons la relation comme un compte en banque. Certaines interactions ajoutent de l’argent dans votre compte (+). D’autres interactions retirent de l’argent de votre compte en banque (-). On pourrait même argumenter que certaines seraient neutres… 

Pour bâtir une relation et une confiance solide, faites attention à rester en positif et à multiplier les interactions positives. Chez Parelli, ils parlent de “Undemanding Time” : un moment sans rien demander. On peut aller plus loin et parler de moment confort. Si votre cheval aime le pansage, ou les grattouilles, ou une promenade à pied pour brouter avec vous à ses côtés… Cela peut entrer dans ce moment “remplissage” du compte en banque de l’amitié. 

Attention : un écueil très commun est celui d’éviter toute interaction négative (-). C’est tout bonnement impossible dans une relation normale ! Il y aura des moments d’inconfort dans lesquels votre cheval n’appréciera pas forcément la situation. Tout comme avec un enfant auprès duquel on doit mettre des limites et expliquer certaines règles… 

Une dernière vidéo pour la route : la confiance va souvent de paire avec le travail sur la peur.


Quelques liens utiles :

 

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