1 janvier 1
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Angélique Descarpentry
Le printemps est une saison potentiellement source d’inquiétude pour les propriétaires de chevaux ayant tendance au surpoids. En effet, le retour à l'herbe rime souvent avec prise de poids significative, d'autant plus pour les chevaux à faible besoin calorique. Nous allons aborder, dans cet article, les méthodes à adopter pour accompagner nos chevaux afin de limiter la prise de poids à cette saison, voire pour favoriser la perte de poids même au printemps.
Sommaire :
Un dépôt de graisse est une réponse physiologique normale à un bilan énergétique positif. Néanmoins, un dépôt de lipides en excès et l'expansion du tissu adipeux peuvent entraîner des perturbations dans l’organisme.
Pour rappel, l’obésité est définie comme étant l'accumulation d'une quantité excessive de tissu adipeux qui peut nuire à la santé (Anon, 2020). Celle-ci survient lorsqu'il existe un déséquilibre entre l'apport énergétique et la dépense énergétique.
Chez les chevaux, c’est la note d’état corporel qui permet de définir, plus précisément, et en routine, la présence de surpoids ou d’obésité.
Tous les chevaux peuvent être touchés par le surpoids ou l’obésité. Toutefois, certaines races sont plus susceptibles de l’être que d’autres. Les poneys et toutes les races présentant une génétique de type ibérique semblent être plus à risques alors que les chevaux plus proches du sang semblent moins à risques.
Les problématiques pouvant être associées à l’obésité sont nombreuses. Mais attention, il est difficile de déterminer quand l’obésité devient pathologique !
Voici déjà plusieurs ouvrages pouvant vous guider dans l’analyse du type d’obésité dont votre cheval est sujet :
Comme pour les autres mammifères, les principales formes d'énergie stockée chez le cheval sont le glycogène hépatique et musculaire ainsi que les triglycérides stockés dans le tissu adipeux ainsi que dans les cellules musculaires.
Si l’énergie consommée est supérieure à l’énergie dépensée, alors il y aura stockage. Il n’y a pas forcément besoin de manger gras pour « faire du gras » ! Un nombre de calories supérieur au besoin réel suffit. Lorsque les apports caloriques dépassent les dépenses énergétiques : la graisse vient à être stockée dans les cellules.
Alors, des cellules normalement indifférenciées sont capables de se différencier en adipocytes, qui sont des cellules capables de stocker les triglycérides.
En somme, la prise de poids est la résultante d’un déséquilibre entre apports et dépenses, mais attention, d’autres facteurs existent :
Attention ! ⚠️
Le tissu adipeux est défendu, c’est-à-dire que l’organisme met en place des mécanismes pour le préserver, car ce dernier est capital pour la survie.
Manipuler le poids c’est donc « s’opposer » à une fine régulation de l’organisme destiné à la survie de l’individu et … de l’espèce !
De plus, toute perte de poids doit être lente et progressive. La perte de poids se fait obligatoirement par pallier en raison du fonctionnement de l’organisme.
Lorsque l’on pense « perte de poids », il ne faut jamais oublier les besoins comportementaux et physiologiques du cheval.
Il faudra donc toujours :
Au cours de ces dernières années, l'université de Liverpool s'est penchée sur cette problématique d'obésité chez les chevaux.
Sur la base de ses recherches, elle a fait ressortir 4 axes d'action pour les propriétaires afin de les aider à gérer le poids de leur cheval :
Par rapport à ce cadran, notre rôle de détenteur d’équidé est de nous demander sur quels éléments du cadrant nous pouvons avoir un impact… ?
Cela va bien sûr dépendre de la situation de vie de mon cheval :
Prenons donc ces cadrans, un par un, afin de voir comment nous pouvons avoir une action sur le poids de notre cheval.
Pour plus d'informations, n'hésitez pas à regarder notre vidéo Youtube !
L’exercice peut avoir un effet positif sur la sensibilité à l’insuline. 🐎
Dans certaines études, des périodes d'exercice relativement courtes (20 à 30 minutes) semblent augmenter la sensibilité à l'insuline même en l'absence de perte de poids (Powell et al, 2002). Cet élément est très intéressant car il permet de diminuer le risque de fourbure endocrinienne (ndlr : les fourbures endocriniennes sont notamment consécutives d’une hyperinsulinémie prolongée).
Une autre communication (données non publiées) expose qu’afin d’augmenter la sensibilité à l’insuline, des séances d’au-moins 30 minutes permettant une hausse de la fréquence cardiaque à plus de 150 battements / minutes, 5 jours par semaine sont nécessaires.
Néanmoins, l'exercice ne remplace pas un régime alimentaire approprié, et un exercice modéré en l'absence de restriction alimentaire n'a aucun effet (Carter et al, 2010 ; Turner et al, 2011).
Même si d’autres études sont nécessaires pour obtenir plus de précisions, l’activité, en ayant un effet favorable sur la régulation de l’insuline, peut donc être un élément préventif de certains types de fourbure et également avoir un effet sur la perte de poids.
L’exercice apparait donc comme un élément très important de gestion au quotidien de la santé du cheval. C’est l’exercice de fond qui est recommandé, comme des longues séances de marche active (45 minutes à 1h si le cheval en est capable). Un effort intense mais court ne semble pas intéressant.
Le printemps se prépare en hiver, il est donc impératif de favoriser une perte de poids hivernale afin que le cheval arrive en poids de forme à la belle saison. ❄️🌤
Il est aussi utile de favoriser le mouvement dans le lieu de vie.
Si le cheval maintient un état corporel déjà élevé avec du fourrage uniquement, il est inutile d’ajouter un concentré.
En revanche, il sera essentiel de bien veiller à l’équilibre de la ration au niveau des apports en minéraux et vitamines notamment.
Pour plus de détails, rendez-vous sur notre plateforme pour regarder ces deux programmes 📽:
La prise de poids à l’herbe est, en partie, normale ! En fonction de l'état de maturation de l'herbe, les apports pour un cheval de loisir de 500 kg peuvent "par défaut" excéder les besoins réels du cheval. Pour mieux gérer la prise de poids des chevaux ayant tendance à l'obésité, il sera donc important de veiller à les faire pâturer au maximum sur des prairies arrivées à épiaison. Sur des épis de 10 cm, l'excédent des apports sera trop élevé et une stabilisation du poids sera pratiquement impossible.
Tout d'abord, d'après une étude faite par Glunk et al, la restriction du temps au pâturage n’est que partiellement efficace pour réduire la consommation de matières sèches.
Effectivement, d'après cette étude, les poneys avec un temps de pâturage restreint ont montré un comportement d’ingestion compensatoire : une accélération de leur consommation a été notée, ce qui mène à une consommation de quantités disproportionnées, même sur un laps de temps réduit.
Par ailleurs, l’étude montre que les chevaux passant 3 heures au pâturage consomme l’équivalent de 43% de ce qu’il aurait consommé en 24 heures.
En sortant 6 heures, ils consomment 69% de la matière sèche qu’ils consomment normalement en 24h. Après 9 heures de pâturage, la consommation est de 74% de ce qu’il aurait mangé sur 24 heures de pâturage. On constate donc que les chevaux dont le temps de pâturage est limité auront tendance à consommer de plus grandes quantités sur un laps de temps plus court.
Glunk et al, 2013. 📖
Selon une étude menée par Longland et al, les comportements équins diffèrent selon le type de pâturage proposé et leur accès à celui-ci.
Les poneys en accès libre au pâturage ont une consommation d’environ 2,3 % de leur poids en matières sèches, alors que les poneys au pâturage au fil ont une consommation d'environ 1,82 % de leur poids en matières sèches pour le mode fil avant (avancée du fil au fur et à mesure de la consommation des poneys), et une consommation d'environ 1,5% de leur poids en matières sèches pour le mode fil arrière (un fil est également déplacé après le passage des poneys pour éviter le surpâturage des jeunes repousses).
Par ailleurs, il a été prouvé que les poneys au pâturage au fil, quel que soit le mode utilisé, car il n'exsite pas de différence significative, mangent moins que ceux en accès libre.
En effet, on observe une variation du poids d’environ 5% sur 28 jours concernant les poneys en accès libre, face à une variation d'environ 2% en majorité pour les poneys au pâturage au fil.
En somme, on constate une réelle différence d’évolution significative entre les poneys au pâturage simple et ceux au fil.
Longland et al, 2021. 📖
Enfin, une étude menée par Davis et al sur six chevaux miniatures a montré que la présence d'un panier de pâturage et sa fréquence d'utilisation engendrait une prise de poids ou une perte de poids sur ces chevaux. 📈📉
Cette étude a été divisée en trois expériences : la première où les chevaux n'ont pas de panier de pâturage, la seconde où ils en ont un pendant 10 heures et la dernière où il l'ont pendant 24 heures.
Les résultats de cette analyse se sont avérés probants. En effet, un constat de perte de poids a pu être fait concernant les chevaux ayant un panier de pâturage pendant 24 heures et une prise de poids pour les chevaux ayant un panier de pâturage pendant 10 heures ou n'en n'ayant pas du tout. Il est vrai que les résultats pour ceux n'ayant pas de panier ou des paniers de pâturage pendant 10 heures sont très similaires.
Pour illustrer ces analyses, vous trouverez un peu plus bas le graphique correspondant.
Davis et al, 2021. 📖
Au cours d’une journée, la teneur en glucides non structuraux peut varier.
Dans la plante, les sucres sont fabriqués la journée grâce à la photosynthèse, constituant une réserve d’énergie pour la plante, qui la consomme la nuit au cours de la respiration enzymatique.
Chez les graminées, les taux de glucides sont d’ailleurs plus élevés dans les tiges, qui jouent le rôle d’organe de stockage, que dans les feuilles.
Le pic de sucres dans les fourrages est atteint 9 à 13 heures après le lever du soleil, et est au plus bas au lever du jour.
Mais attention, tous les facteurs qui réduisent la croissance tout en permettant la photosynthèse entrainent l’accumulation des glucides non structuraux. Ces facteurs peuvent être : un fort ensoleillement, une sécheresse, des températures froides, des déséquilibres en minéraux dans le sol.
La première voie pour gérer ces problématiques de poids est de les identifier, d’où l’importance de mesures régulières et de l’évaluation de l’état corporel tout au long de l’année. L’accompagnement vétérinaire est également essentiel afin d’évaluer par exemple les risques au pâturage en fonction de l’insulinémie.
Une restriction calorique stratégique est souvent nécessaire afin de favoriser une perte de poids saine. L’apport en matière sèche doit être maximisé en distribuant des aliments à faible densité énergétique. Il faut également conserver un apport suffisant en matière sèche afin de favoriser le bon fonctionnement digestif.
La gestion de la perte de poids et de la dérégulation de l’insuline étant proches, il est possible de déterminer quatre axes de travail pour ces problématiques :
La surveillance est également essentielle afin de déterminer si le plan de perte de poids fonctionne ou non.
Dépêchez-vous d'aller voir notre programme sur le cheval en surpoids. 📹
Il est hyper complet et rassemble des éléments sur l’obésité et la perte de poids. Suivez les 4 axes de l’université de Liverpool pour optimiser une perte de poids et garantir une meilleure santé pour votre cheval.
N'hésitez pas à aller consulter la page d'Angélique Descarpentry.
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